Au moins 25 personnes, dont six gendarmes, ont été tuées jeudi et vendredi lors d'affrontements entre bandes armées dans le centre de la Centrafrique, où de telles violences se multiplient ces dernières semaines, avant la fin, lundi, de l'opération militaire française Sangaris.
"Selon les informations reçues, six gendarmes et quatre civils auraient perdu la vie vendredi matin, lors d’une embuscade sur l’axe Bambari-Grimari. La veille, des affrontements entre éléments anti-balaka et ex-séléka avaient causé 15 morts et un certain nombre de blessés à Mbriki et Belima, dans les environs de Bambari" (250 km au nord-est de Bangui), a indiqué la force de l'ONU (Minusca) dans un communiqué.
La Minusca, qui compte plus de 10.000 soldats et policiers, "condamne par ailleurs une attaque armée menée vendredi après-midi par des anti-balaka contre huit de ses fonctionnaires, alors qu’ils se dirigeaient vers l’aérodrome de Bambari. Un enfant de sept ans a été blessé et est actuellement soigné par les Casques bleus mauritaniens".
Relevant la récente "montée de la tension dans certaines régions du pays, provoquée par des affrontements entre éléments armés des ex-séléka et anti-balaka", la force de l'ONU "appelle les groupes armés à mettre fin au cycle d’attaques et représailles".
Campagne de dénigrement
La Centrafrique peine à se relever du chaos de la guerre civile provoquée en 2013 par le renversement de l'ex-président François Bozizé par des rebelles séléka ("coalition" en sango) majoritairement musulmans, qui avait entraîné une contre-offensive des milices anti-balaka majoritairement chrétiennes.
L'intervention de la force française Sangaris et le déploiement de la Minusca ont mis fin aux massacres mais n'ont pas réussi à stabiliser la situation sécuritaire dans ce pays classé parmi les plus pauvres au monde.
Des attaques de groupes armés - factions d'ex-séléka, groupes d'anti-balaka, éléments "incontrôlés",... - dans plusieurs localités de province ont ainsi fait plusieurs dizaines de morts ces dernières semaines.
Le 24 octobre, quatre civils ont été tués et 14 personnes blessées lors de violences dans la capitale Bangui où un collectif de la société civile centrafricaine avait appelé à une journée "ville morte" pour demander le retrait de la Minusca, accusée de "passivité" face aux groupes armés.
La force de l'ONU rejette avec vigueur ces accusations, les qualifiant de "campagne de dénigrement", orchestrée par les "ennemis de la paix".
Fin de l'opération Sangaris
Le gouvernement centrafricain - qui ne dispose toujours pas de forces de sécurité capables de tenir tête aux groupes armés - soutient la Minusca, tout comme la France, l'ancienne puissance coloniale qui avait lancé Sangaris en décembre 2013 en invoquant un risque de "génocide".
Paris "met en garde tous ceux qui chercheraient à faire obstacle à la réconciliation des Centrafricains et souligne que les auteurs des violences devront rendre compte de leurs actes", a souligné mardi le ministère français des Affaires étrangères.
"La France dénonce les provocations et attaques contre la Minusca et lui réaffirme son entier soutien", selon la même source.
A ce stade, le gouvernement français considère que Sangaris a achevé sa mission et que la suite relève désormais de l'ONU. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, est d'ailleurs attendu dimanche à Bangui pour diriger lundi la cérémonie marquant la fin officielle de l'opération.
"Sangaris était une opération difficile, risquée, qui a été menée à bien. Il était légitime que le relais étant pris par la Minusca, l'opération s'arrête", a souligné jeudi le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, ajoutant: "nous ne laissons pas tomber la Centrafrique".
Selon Paris, environ 350 militaires français, équipés de drones d'observation, resteront présents en République centrafricaine (RCA), dont une centaine au sein de la force de l'ONU, notamment au niveau de l'état-major.