Dans moins de deux mois, les hostilités seront ouvertes entre Jammeh et son opposition pour l’élection présidentielle. L’opposition a décidé de présenter un candidat unique et rêve de se débarrasser de celui qui est dépeint comme le président le plus excentrique du continent.
Il est à la tête de la Gambie depuis 1994 et justement son titre officiel est composé presque d’autant de mots qu’il a passé d’années au pouvoir. L’homme ne semble jamais en avoir assez pour montrer son excentricité.
Désormais, il faut l’appeler "His Excellency Sheikh Professor Alhaji Doctor Yahya Abdul-Aziz Jemus Junkung Jammeh Nasirul Deen Babili Mansa, president of The Islamic republic of the Gambia". Cela fait bien 23 noms et particules, dont il est sans doute le seul à en comprendre l’utilité. Toujours est-il que sur tous les documents officiels gambiens où il est cité, c’est tel que doit désormais apparaître ce titre.
On se demande pourquoi inclure les termes comme sheikh, professeur ou docteur dans le nom officiel. Jammeh les justifie par diverses raisons. Il se considère guide religieux à la tête de tous les autres guides musulmans de son pays. C'est pour lui une manière de dire aux Gambiens qu'il est inutile de suivre les marabouts des confrèries tidjanes et mourides dont ils se réclament traditionnellement. En matière de religion, sa dernière trouvaille a été de déclarer la Gambie "République Islamique", quelques années après être sorti du Commonwealth.
Par ailleurs, l'homme se considère comme un guérisseur. A un moment, il avait même déclaré pouvoir guérir des maladies comme le Sida et le cancer. Il organisait ainsi des séances de thérapies en public.
L’homme est connu pour ses sorties rageuses contre les Occidentaux, mais également son unique voisin le Sénégal. Car faut-il le rappeler, la Gambie est un pays complètement enclavé à l’intérieur du Sénégal, et n'a de frontières qu’avec le Pays de la Teranga, en plus d’une limite maritime. En novembre 2015, il déclarait: "D’Abdou Diouf à Macky Sall, en passant par Abdoulaye Wade, les présidents sénégalais m’ont tous combattus, mais je ne suis pas leur égal". Et d’ajouter, "Macky me combat parce qu’il n’est pas libre, il est toujours sous la coupe de François Hollande".
Avec Jammeh, les dirigeants occidentaux également ont droit à leur récrimination en règle. Selon lui, ils cherchent à imposer le mariage homosexuel ou l’avortement aux pays africains, même si cela ne correspond pas à leurs valeurs. Il promet ainsi la peine de mort à toute personne ayant un partenaire de même sexe.