Sud-Soudan: un rapport accamblant fait limoger le commandant des casques bleus

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Le 02/11/2016 à 09h12

En juillet dernier, les deux camps historiquement rivaux s'étaient affrontés de façon meurtrière. Un rapport vient d'établir la responsabilité des casques bleus des Nations Unies. Finalement, les têtes commencent à tomber, en attendant que l'ONU prenne davantage sa responsabilité.

Les Casques bleus au Soudan du Sud ont réagi de manière "chaotique et inefficace" aux violences de juillet à Juba et n'ont pas su protéger les civils d'agressions sexuelles, selon un rapport de l'ONU publié mardi et qui a conduit au limogeage de leur commandant. L'ONU a annoncé le "remplacement immédiat" du commandant de la force de l'ONU sur place (Minuss), le général kenyan Johnson Mogoa Kimani Ondieki. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est déclaré "profondément affligé" par les conclusions du rapport d'enquête et "inquiet des graves lacunes identifiées".

Le rapport souligne que la force onusienne "a échoué à répondre" à l'incursion le 11 juillet de soldats sud-soudanais dans un hôtel abritant des employés d'organisations internationales et proche d'une base des Nations unies.

Selon l'organisation Human Rights Watch, plusieurs employées étrangères avaient été violées et un journaliste sud-soudanais abattu devant témoins. L'enquête, dirigée par le général néerlandais à la retraite Patrick Cammaert, met en cause des lacunes de commandement, "le manque de préparation" des Casques bleus face à l'imminence prévisible d'une reprise des affrontements entre forces gouvernementales et rebelles sud-soudanais et une "aversion aux risques" les rendant réticents à user de la force pour protéger les civils.

Même deux mois après la fin des affrontements de juillet à Juba, note le rapport, la force de l'ONU ne patrouillait pas régulièrement à pied ou de nuit hors de ses bases.

Et quand les Casques bleus patrouillaient, ils se contentaient de "surveiller les alentours derrière les minuscules vitres de leurs véhicules blindés", ce qui les rendait "incapables de repérer des responsables de violences sexuelles" ou de rassurer la population locale. Les enquêteurs n'ont pas trouvé de preuve que des Casques bleus aient refusé d'intervenir face à "des actes de violence sexuelle se produisant sous leurs yeux les 17 et 18 juillet", comme l'affirmaient des ONG.

Le rapport souligne cependant "les piètres performances" des Casques bleus quand il s'agit de défendre des civils menacés à proximité de leurs bases. Le 2 septembre par exemple, une femme agressée à quelques mètres de l'entrée d'une base avait appelé en vain à l'aide des soldats et policiers de la Minuss, avant que des officiers de la force n'interviennent finalement.

L'ONU avait recensé au moins 200 cas de viols de Sud-Soudanaises dans la capitale pour le seul mois de juillet, perpétrés par des hommes en uniforme, notamment issus des troupes du président Salva Kiir. Des combats meurtriers avaient opposé du 8 au 11 juillet les troupes du président Kiir à celles de l'ex-chef rebelle et alors vice-président du pays, Riek Machar.

Les Casques bleus de la Minuss, au nombre de 13.500 environ, avaient déjà été vivement critiqués pour leur comportement lors de l'attaque meurtrière d'un camp des Nations unies à Malakal (nord-est du Soudan du Sud) en février. Une précédente enquête interne avait conclu que certains d'entre eux avaient abandonné leur poste ou refusé de défendre les civils par la force. Près de 200.000 civils déplacés par la guerre civile qui ravage le Soudan du Sud depuis près de trois ans ont trouvé refuge dans six camps onusiens dans tout le pays.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 02/11/2016 à 09h12