Guinée: le gouvernement décrète des vacances forcées pour les élèves

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Le 03/02/2017 à 10h52, mis à jour le 03/02/2017 à 11h32

En attendant la prise de fonction de 5.000 nouveaux enseignants, les autorités guinéennes en charge de l'éducation ont accordé un congé forcé de 10 jours aux élèves du public. Bien que non concernées, les écoles privées ont décidé de fermer elles aussi pour "la sécurité de leurs élèves".

La décision est tombée mercredi soir au lendemain de la publication d'un communiqué ministériel affectant 5.000 nouveaux enseignants aux écoles primaires et secondaires du pays. Les élèves du public sont en congé du 2 au 12 février pour permettre à l'Etat de faire face au déficit d'enseignants.

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Guinée: cinq mille nouveaux fonctionnaires pour pallier le déficit d'enseignants

"C'est à ma grande surprise que j'ai trouvé toutes les classes fermées ce matin ( jeudi 02 février, ndlr)", regrette Félix Chérif, enseignant d'une école privée située dans le quartier Kobaya, en haute banlieue de Conakry. "J'ai cru que la décision concernait uniquement les écoles publiques", renchérit-il. En effet, Chérif, qui n'avait pas cours mercredi, n'a pu avoir l'information plus tôt.

C'est aussi le cas de quelques élèves qui étaient rentrés avant 14 heures ou qui avaient manqué les cours de mercredi. "C'est vraiment dommage, d'autant plus que nous nous sommes déplacés inutilement. Comme vous le savez, trouver un taxi aujourd'hui relève d'un réel parcours du combattant ", souligne Kadiatou Traoré qui est allée à son école située dans le quartier Yimbaya. En effet, la pénurie de carburant couplée au retour d'Alpha Condé dans le pays a rendu difficile le déplacement des taxis ce jeudi 2 février. Aussi, la circulation routière a-t-elle été fortement perturbée par des remous sur Le Prince, l'une des deux artères principales de la ville.

Alpha Abdoulaye Bah, responsable d'une école privée à Matoto, estime qu'il faut rester solidaire de la décision ministérielle pour plusieurs raisons. Bah a surtout en tête l'exemple du quartier Bonfi où des lycéens en manque de professeurs ont attaqué en janvier dernier un collège de proximité par jalousie. "Il y a aussi le fait que nous avons été informés de la décision par la direction communale de l'éducation. Si vraiment cette décision ne nous concernait pas, il n'aurait pas à nous informer", déduit Alpha Abdoulaye Bah. "La sécurité des enfants passe avant tout", affirme-t-il. 

La décision coïncide avec une grève de 7 jours, lancée le 1er février par une coalition de 10 centrales syndicales qui reste toutefois très peu suivie dans le pays. "Ce n'est pas à cause de cette grève que la décision a été prise. Elle a été prise pour permettre aux ministères de l'Enseignement pré-universitaire et de l'Enseignement technique de mettre au point la situation qui prévaut actuellement dans les écoles", nous a confié un cadre du ministère de l'Enseignement pré-universitaire et de l'alphabétisation. Mais Yamoussa Touré, président de la Confédération Syndicale Autonome des Travailleurs et Retraités de Guinée (COSATREG), croit que ce congé forcé découle de leur grève.

Il faut signaler que par cette grève, la COSATREG s'oppose à une nouvelle grille indiciaire des fonctionnaires, ainsi qu'à leur rétrogradation. "Parmi les fonctionnaires les plus vulnérables, il y a bien sûr les enseignants",

Grève ou pas, l'école guinéenne est actuellement minée par des mouvements de colère d'enseignants. Depuis mi-janvier, des enseignants contractuels, mais aussi des candidats non admis au dernier concours de recrutement, demandent leur intégration dans la fonction publique. Les premiers crient à la magouille des autorités en charge de l'éducation, Alors que les seconds dénoncent une promesse non tenue des ministres de l'Enseignement supérieur et de la Fonction publique.

Par Mamourou Sonomou (Conakry, correspondance)
Le 03/02/2017 à 10h52, mis à jour le 03/02/2017 à 11h32