Sierra Leone: le diamant de 709 carats va t-il rendre riche le pasteur pauvre?

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Le 24/03/2017 à 12h06

Le pasteur Emmanuel Momoh qui découvert le 15e plus gros diamant jamais découvert espère sortir définitivement de la pauvreté. Sa pierre précieuse est entre les mains de l'Etat sierra-léonais en charge de la vente du diamant.

Pendant cinq ans, la recherche de diamants a surtout été pour le pasteur sierra-léonais Emmanuel Momoh un moyen de joindre les deux bouts. Mais avec la découverte en mars d'un énorme diamant, ses prières pour sortir de la pauvreté semblent avoir été entendues.

Ce diamant serait entre le 10e et le 15e plus gros jamais découvert dans le monde, selon des experts, et le plus important depuis près d'un demi-siècle en Sierra Leone. Il doit être vendu aux enchères le 5 avril.

Pasteur évangéliste de 39 ans et membre de la Deeper Life Church (Eglise de la vie profonde), Emmanuel Momoh officie à Kono, capitale de la province diamantifère du même nom, dans l'est du pays.

Comme les maigres revenus versés par son église ne lui permettaient pas de nourrir sa femme et ses trois enfants, il s'est lancé dans la prospection, et a obtenu son premier permis minier en 2012.

Sa petite entreprise, qui compte aujourd'hui 18 employés, n'a connu que de modestes prises, avant le miracle récent.

Jour après jour, les chercheurs de diamants creusent le sol et tamisent le gravier avec des pioches et des houes, mais ne trouvent que des éclats de pierre précieuse, à peine de quoi couvrir les frais de nourriture, de matériel, et leurs salaires de misère.

"Il est extrêmement difficile de trouver des diamants dans le sol, ça nécessite de la patience, un travail dur et des prières", explique Emmanuel Momoh dans un entretien téléphonique avec l'AFP à Freetown, la capitale.

Invoquant des raisons de sécurité, il a décliné la demande de rencontre avec l'AFP. Sur ses photos, en compagnie du chef tribal de Kono, qui l'a accompagné à Freetown, il apparaît mince et élancé, le cheveu ras.

Dieu nous a bénis

Après des années d'ingrat labeur, la roue a enfin tourné le 13 mars, dans un village appelé Koryadu.

"Dieu nous a bénis aujourd'hui!", s'exclame ce jour-là en krio, la langue la plus répandue en Sierra Leone, un des ouvriers, brandissant une pierre couleur miel, de la taille d'un poing d'enfant, raconte le pasteur.

"Nous avons soigneusement lavé le diamant et rangé nos outils. Nous étions tous en état de jubilation", se souvient-il. "Je n'ai pas pu dormir cette nuit-là. Nous avons tous remercié Dieu dans nos prières".

Le lendemain, Emmanuel Momoh emporte le diamant à Kono pour le faire peser. Il sera d'abord évalué à 706 carats, une estimation ensuite révisée à 709 carats sur les balances du gouvernement.

L'homme d'Eglise se retrouve aussitôt confronté à un dilemme moral. "Des amis m'ont suggéré de vendre le diamant en contrebande en Guinée voisine", pour éviter tout paiement de taxe à l'Etat, confie-t-il.

"En tant qu'homme de Dieu, j'ai décidé de m'en référer aux autorités locales", dit Emmanuel Momoh.

Le pasteur, invité à Freetown pour présenter le 15 mars le diamant au président Ernest Bai Koroma, "a remercié le chef et les siens de ne pas avoir vendu le diamant en contrebande hors du pays", selon un communiqué officiel.

La guerre et le trafic de diamants

Le trafic de diamants, notamment à destination du Liberia voisin, a laissé des souvenirs douloureux en Sierra Leone où il a alimenté l'effroyable guerre civile qui a sévi dans le pays de 1991 à 2002.

La controverse autour des "diamants du sang", ces pierres précieuses ayant servi à financer des conflits en Afrique, comme en Angola ou en Sierra Leone, a abouti au régime international de certification dit "de Kimberley", entré en vigueur en 2003, qui fixe les conditions d'exportation des diamants pour ses 75 Etats membres.

Le diamant d'Emmanuel Momoh, dont la valeur n'a pas encore été estimée, a été placé dans la salle des coffres de la Banque centrale en attendant la vente aux enchères du 5 avril.

Le pasteur devra verser 4% du produit de la vente en taxes au gouvernement, sans compter d'éventuels impôts sur le revenu.

Il assure que ses employés recevront leur part de la manne attendue et qu'il réinvestira ses profits dans sa région natale de Kono, pour y développer son activité minière et subvenir aux besoins de sa famille et de la population, souvent démunie.

En attendant, l'homme de foi prie pour ne pas être la proie des méchants. "Ces gens à qui le diamant a été confié", dit-il, "j'espère qu'ils seront aussi honnêtes avec moi que je l'ai été avec eux".

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 24/03/2017 à 12h06