Nigeria: plus de 43 millions de dollars en liquide saisis dans un appartement

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Le 14/04/2017 à 08h05, mis à jour le 14/04/2017 à 10h02

A Lagos, au Nigeria, la Commission des crimes économiques et financiers a saisi la somme astronomique de 43,4 millions de dollars… en liquide. La lutte anticorruption de Muhammadu Buhari, le président nigérian, fait face à une forte résistance des politiques de tous bords.

Plus de 40 millions d'euros en liquide ont été saisis dans un appartement de Lagos, a indiqué l'agence anticorruption du Nigeria, qui mène une vaste campagne de lutte contre les détournements de fonds publics gangrénant le géant ouest-africain. La Commission des crimes économiques et financiers (EFCC) a annoncé mercredi soir 12 avril la saisie d'une somme «astronomique» en liquide: 43,4 millions de dollars (40,8 millions d'euros), 27.800 livres (32.700 euros) et 23,2 millions de nairas (71.000 euros) découverts dans un immeuble résidentiel du quartier chic d'Ikoyi de la capitale économique nigériane.

L'EFCC a mené une perquisition après avoir reçu une information «concernant des va-et-vient suspects de sacs depuis l'un des appartements de l'immeuble», a-t-elle expliqué dans un communiqué, sans préciser si l'appartement était occupé et qui était son propriétaire. Selon l'informateur anonyme cité dans le communiqué, «les porteurs des sacs faisaient croire qu'ils transportaient des sacs de vêtements». Il n'y a eu aucune arrestation dans l'immédiat, a déclaré à l'AFP Wilson Uwujaren, porte-parole de l'EFCC. «C'est une saisie majeure», s'est-il réjoui, «cela montre que la politique de dénonciation du gouvernement est excellente».

Cette affaire intervient dans un contexte difficile pour l'EFCC. Elle fait face à de fortes résistances au Sénat, dont plusieurs membres sont visés par ces enquêtes et qui a rejeté pour la deuxième fois en mars le candidat choisi par le président Muhammadu Buhari pour diriger l'agence. L'EFCC a également essuyé plusieurs revers récents devant la justice.

la justice fait de la résistance

Début avril, un tribunal de Lagos a ordonné le dégel des 5,8 millions de dollars détenus sur un compte bancaire au nom de l'ex-première dame Patience Jonathan, saisi par l'EFCC. La veille, un autre tribunal avait relaxé Adeniyi Ademola, un juge haut placé accusé de corruption après la saisie d'importantes sommes en liquide à son domicile, estimant insuffisants les éléments à charge. Mardi, Abuja a été obligé de publier une déclaration insistant sur le fait que sa guerre contre la corruption est sur la bonne voie.

«Le gouvernement du président Muhammadu Buhari s'est engagé à soutenir la lutte contre la corruption, à veiller à ce que le système soit nettoyé et que les affaires gouvernementales soient menées correctement», a déclaré le vice-président Yemi Osinbajo.

Le président Muhammadu Buhari, arrivé au pouvoir en 2015, a promis de débarrasser le Nigeria de la corruption endémique qui freine son développement. Mais de nombreuses voix s'élèvent pour dénoncer un acharnement contre les cadres de l'administration de son prédécesseur Goodluck Jonathan et contre les membres du parti d'opposition PDP (People's Democratic Party).

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 14/04/2017 à 08h05, mis à jour le 14/04/2017 à 10h02