Cameroun: c'est toujours la cacophonie en matière de droits d'auteur

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Le 25/07/2017 à 10h49

On promettait une avancée aux artistes camerounais en matière de droits d'auteur. Hélas, l’administration censée lutter contre la piraterie des œuvres et défendre les droits des musiciens est déchirée par des guerres intestines. Et le ministère de la Culture vient d'ajouter sa note à la cacophonie.

Tout semblait bien parti pour une nouvelle donne. La hache de guerre entre frères ennemis semblait enterrée. Mais cette fois-ci, c’est le gouvernement camerounais lui-même qui est venu jeter une sorte de trouble sur la question de la gestion des droits d’auteur dans le pays, selon les divers protagonistes.

«A titre conservatoire et dans une logique d’apaisement, en attendant la convocation d’une assemblée générale régulière, unique et unitaire, celles annoncées le 28 juillet 2017 par l’entité CMC- SOCAM et la Société civile camerounaise des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SCACEM) sont suspendues», a annoncé cette fin de semaine, le ministre des Arts et de la culture, Narcisse Mouelle Kombi.

Une intervention qui coupe net l’élan d’apaisement qu’avaient engagé les divers organismes chargés des questions de droits d’auteur dans le pays, après de longues années de guerres fratricides. Procédures judiciaires, injures publiques, valses des dirigeants, corruption, clanisme, etc.

Ces dernières années, ces organismes se sont davantage illustrés dans la rubrique des faits divers que dans la gestion des droits des artistes. Ceux-ci «clochardisés» comme ils l’affirment, vivent difficilement des revenus de leur art au Cameroun.

Entre la Cameroon music coorporation (CMC), la Société civile camerounaise de l'art musical (SOCAM) et la Société civile des droits de la littérature et des arts dramatiques (SOCILADRA), pour ne citer qu'elles, on se perd rapidement dans les méandres de ces institutions.

Toutes s’estiment légitimes pour la gestion des droits d’auteurs des artistes. Des personnalités de renom comme Manu Dibango ont fini par jeter l’éponge et quitter la tête de ces organismes à cause des guerres intestines et du climat malsain. Des conflits dont ont profité des usagers pour ne pas payer comme il se doit des redevances aux artistes dont ils ont exploité les œuvres. Clochardisant davantage les artistes, déjà fortement affaiblis par la piraterie de leurs œuvres.

Ces dernières semaines, un terrain d’entente avait été trouvé. Enfin! On parlait d’une fusion imminente de toutes ces entités. Mais pour le ministre de la Culture, rien ne doit se faire en dehors du cadre mis en place par le gouvernement, qui a initié un processus d’assainissement du secteur.

«Le Premier ministre a validé le principe de la création d’un nouvel organisme de gestion collective du droit d’auteur de l’art musical englobant tous les acteurs concernés et se conformant à la nouvelle réglementation en vigueur. Cet organisme devra fédérer toutes les tendances, y compris les anciennes sociétés, être ouvert à tous les acteurs du secteur et tenir compte de l’ensemble des ayants droit régulièrement inscrits au fichier national des titulaires de droit», explique le ministre.

Aussi, en attendant la préparation de l’assemblée générale de ce nouvel organisme, tout est gelé. Au bout de ce processus se trouve l’espoir de lendemains meilleurs pour les artistes camerounais.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 25/07/2017 à 10h49