Cameroun: des centaines de milliards de FCFA blanchis

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Le 06/09/2017 à 16h28

Des révélations du Groupe d’action contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (GABAC). Réuni en plénière ce mardi à Brazzaville au Congo, le groupe recommande par ailleurs un meilleur encadrement des organismes à but non lucratif (OBNL).

Une nouvelle dynamique se prépare au sein du Groupe d’action contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (GABAC). Cette institution spécialisée de la CEMAC s’est réunie en plénière ordinaire, mardi 5 septembre à Brazzaville au Congo. A terme, le groupe engage les Etats membres à opérationnaliser leur agence nationale d’investigations financières (ANIF), mais aussi les cellules de renseignement financier. Et ce, dans le but de leur permettre de jouer pleinement leur rôle dans la lutte anti blanchiment et contre le financement du terrorisme.

Sur l’ampleur du phénomène en zone CEMAC, Désiré Geoffroy Mbock, secrétaire permanent du GABAC explique que «les derniers chiffres disponibles sont ceux de 2015 au Cameroun, où l’on a repéré un flux de plusieurs centaines de milliards de FCFA. Il appartient à la justice de dire le droit et de donner les chiffres réels. Il nous est difficile de donner des chiffres exacts. C’est pourquoi nous souhaitons que les magistrats nous retournent les chiffres une fois que leur travail est terminé, pour que nous soyons au même niveau d’informations».

Toujours au Cameroun, selon le GABAC, les résultats des travaux de l’ANIF révèlent que, autant il y a quatre ou cinq ans, les détournements de fonds étaient l’objet principal des déclarations de soupçons, autant aujourd’hui, la tendance est plutôt à la cybercriminalité. C’est dire, selon le secrétaire permanent du GABAC qu’«on ne peut blanchir de l’argent que s’il a été mal acquis. Donc, l’argent issu de la vente de la drogue, du trafic des êtres humains, etc. qui rentre dans le circuit normal pour lui donner un aspect licite est blanchi», explique Désiré Geoffroy Mbock.

L’on apprend aussi que le GABAC, qui en réalité est un gros cabinet d’études, a récemment mené une enquête sur le risque d’utilisation abusive des organismes à but non lucratif (OBNL), à des fins de financement du terrorisme. «L’étude a relevé des cas, notamment au Cameroun et au Tchad», assure le secrétaire permanent du GABAC. Du coup, la rencontre de Brazzaville a été l’occasion de proposer aux Etats un texte harmonisé dont ils s’inspireraient pour faire des lois en matière d’encadrement des OBNL.

D’autres études menées par le GABAC ont clairement montré qu’il y a une interconnexion entre les groupes terroristes qui sévissent en RDC, déstabilisent la Centrafrique, et qui ne manquent pas d’être en contact avec Boko Haram. «Il a d’ailleurs été démontré qu’un OBNL a été utilisé comme boîte à lettres dans une ville du Cameroun, et a reçu de l’argent du Hezbollah à destination de la RDC», regrette Désiré Geoffroy Mbock. Autant de choses qui ont milité pour l’adhésion cette année de la RDC au sein de cette institution de la CEMAC.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 06/09/2017 à 16h28