Togo: de violents heurts font 3 morts dans la 2e ville du pays

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Le 17/10/2017 à 13h15, mis à jour le 17/10/2017 à 13h27

De violents heurts ont opposé les forces de l'ordre togolaises à la population de Sokodé, la deuxième ville du pays. On dénombre trois morts, dont deux militaires.

Deux militaires et un jeune civil ont été tués dans de violents heurts entre la population et les forces de l'ordre dans la nuit de lundi à mardi à Sokodé, la deuxième ville du Togo, après l'arrestation d'un imam proche de l'opposition, a annoncé mardi le gouvernement togolais.

"Deux militaires en faction au domicile d'une personnalité ont été lynchés et exécutés et leurs armes et munitions ont été emportées", a affirmé l'exécutif dans un communiqué, en dénonçant des "actes à visée terroriste".

"Un jeune a également trouvé la mort et une vingtaine de blessés (a été) enregistrée parmi les civils et les forces de sécurité", affirme le communiqué.

Yerima Ikililou, le jeune civil tué, était apprenti tapissier, selon Aimé Adi, directeur d'Amnesty International Togo. "Ses parents ont amené le corps à la morgue de Sokodé et d'après les premières constatations, il aurait reçu des petites balles de plomb dans le corps", a expliqué Adi à l'AFP.

De violents heurts ont éclaté à Sokodé avant de se propager dans la nuit dans plusieurs villes du pays, dont Lomé, la capitale, où la foule a été dispersée par des gaz lacrymogènes.

Ces manifestations de colère spontanées répondaient à l'arrestation lundi soir à Sokodé (nord) d'un imam proche du Parti national panafricain (PNP), un des partis qui mène une forte contestation contre le pouvoir depuis le mois d'août.

"L'électricité a été coupée vers 19H00 (heure locale et GMT) après la prière et cinq véhicules de la gendarmerie sont arrivés pour enlever Alpha Alassane, un imam très reconnu dans la ville", a expliqué à l'AFP Ouro Akpo Tchagnaou, coordinateur de l'Alliance nationale pour le changement (ANC, opposition).

"La population s'est sentie visée et est sortie dans les rues", a-t-il ajouté en soulignant que les échauffourées avaient duré toute la nuit et que "des femmes et des enfants ont fui la ville".

Des habitations des cadres du parti ont été incendiées, ainsi qu'un bureau de banque, la poste et un bâtiment de TogoCell, selon de nombreuses sources concordantes.

A Bafilo, ville voisine de Sokodé, des jeunes ont également dressé des barricades et bloqué la route nationale en réaction à l'arrestation de l'imam, a affirmé à l'AFP une représentante locale de la coalition d'opposition CAP 2015, Tchatchibara Akim.

Nouvelles manifestations

A Agoé, fief des partisans du PNP dans la capitale togolaise, où réside son leader Tikpi Atchadam, deux bureaux des douanes incendiés et des pneus brûlés étaient encore visibles aux abords des voies. Les forces de l'ordre étaient encore très présentes mardi matin.

Le calme était revenu mardi matin, malgré un climat extrêmement tendu à la veille de nouvelles manifestations contre le pouvoir appelées par l'opposition pour les 18 et 19 octobre.

Le PNP de Tikpi Atchadam, nouvelle figure de proue de l'opposition, s'est allié à 13 autres partis pour demander une limitation non-rétroactive du nombre de mandats présidentiels et la démission du président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, et héritier d'une famille à la tête du Togo depuis 50 ans.

Le ministre de la Sécurité, le colonel Yark Damehame, a justifié l'arrestation de l'imam, un proche du Parti national panafricain (PNP), en assurant que "dans ses prêches, il appelle ses fidèles à la violence et à la haine".

"Le comble, vendredi dernier, il a appelé ses fidèles à tuer des militaires", a ajouté le ministre mardi matin sur l'antenne locale Radio Victoire.

L'imam Alassane a toujours été une voix contestataire au Togo, mais dans un contexte de fortes tensions politiques depuis deux mois, il s'est rapproché du PNP.

Depuis août, de nombreuses manifestations ont été organisées au Togo, dont celles des 6 et 7 septembre, qui avaient rassemblé plus de 100.000 personnes dans la capitale Lomé et plusieurs dizaines de milliers dans les villes du nord du pays, nouveau foyer de contestation du pouvoir.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 17/10/2017 à 13h15, mis à jour le 17/10/2017 à 13h27