Cameroun. Polémique: des parents contre une vaccination dite meurtrière

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Le 19/10/2017 à 15h07, mis à jour le 19/10/2017 à 15h09

Un vent de panique a traversé la ville de Kousseri dans l’Extrême-nord du Cameroun. Les écoles se sont vidées à cause d’une folle rumeur sur un vaccin meurtrier.

Plusieurs salles de classes sont restées vides mercredi 18 octobre dans les écoles maternelles et primaires de la ville de Kousseri, dans l’Extrême-nord du Cameroun. C’est que la veille, en matinée, des individus mal intentionnés avaient fait circuler une folle rumeur selon laquelle une campagne de vaccination meurtrière aurait lieu dans les établissements scolaires ce jour-là.

Cette rumeur laissait croire aux populations que les garçons seraient vaccinés sur la langue et les filles sur les seins. Mais surtout, que toute personne vaccinée mourrait dans les deux jours, faute d’être stérile plus tard. Débandade dans la ville.

Paniqués, les parents d’élèves ont accouru en masse dans les écoles pour récupérer leur progéniture avant le début de la fameuse campagne. La plupart des établissements ont été surpris par l’agitation et les cris de lamentation des parents qui, sur le moment, se refusaient à toute explication. C’est donc dans la bousculade et dans un brouhaha sans pareil que les écoles se sont vidées en un temps record.

Alertées, les autorités administratives et policières ont simplement constaté les faits. Une réunion de crise a été organisée en cours de journée autour du préfet de l’arrondissement de Kousseri. Chefs d’établissements scolaires, médecins, représentants des associations de parents d’élèves et chefs traditionnels y ont été conviés. Tous ont constaté que la rumeur était sans fondement. D’où la reprise de l'école ce mercredi, bien que timide. Une enquête judiciaire est néanmoins ouverte pour essayer de mettre la main sur les instigateurs du trouble à l’ordre public.

Les rumeurs du genre ont souvent eu cours au Cameroun. En général, la menace de stérilité après vaccination est évoquée. Plusieurs campagnes de sensibilisation ont été organisées dans le pays, notamment en zones rurales, pour rassurer les uns et les autres.

Au Cameroun, la vaccination n’est pas toujours acceptée partout. Il y a deux ans environ, une église est restée fermée aux agents de la vaccination. Hélas, le «pasteur» avait convaincu ses fidèles que la campagne était contre leur foi. Un chef d’établissement scolaire a également été sanctionné pour les mêmes faits.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 19/10/2017 à 15h07, mis à jour le 19/10/2017 à 15h09