Cameroun. Polémique autour de la suspension d’une agence de transport

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Le 31/10/2017 à 17h14, mis à jour le 01/11/2017 à 14h02

La polémique enfle au Cameroun après que le ministre du Transport a suspendu la licence d'une agence de voyage impliquée dans un accident mortel de la circulation.

Le 24 octobre, le ministre des Transports annonçait la suspension pour trois mois de la licende de transport public de l’agence de voyage interurbain General Express Voyages. Motif: un accident de la circulation impliquant la compagnie sur la route Douala-Yaoundé ayant fait 15 morts. Le chauffeur du véhicule avait entrepris un dépassement en troisième position, avant de se retrouver nez à nez avec un camion semi-remorque et un grumier.

Depuis, la polémique enfle au Cameroun. Des syndicats de transporteurs ont saisi directement le Premier ministre pour dénoncer une suspension considérée comme «arbitraire».

Pour ces transporteurs, aucun texte dans la réglementation en vigueur ne prévoit de suspension de licence de transport pour des cas «d’insuffisance de mesure de sécurité ayant contribué à la cause d’un accident mortel».

Selon eux, la sanction de General Express Voyages «démontre l’incapacité du ministre des transports à donner des réponses à la vague d’accidents qui secoue le pays». Les transporteurs menacent d’entrer en grève sur l’ensemble du territoire si la sanction contre la compagnie incriminée n’est pas levée.

Si le gouvernement n’a pas encore officiellement réagi, le ministre des Transports a accentué la pression sur les transporteurs en menaçant de fermeture une trentaine d’agences de voyage, à défaut d’une régularisation de leur situation administrative.

De leur côté, des associations de la société civile s’en mêlent. «La compagnie citée est en tête de liste des plus meurtrières. À son actif, des accidents à répétition et des centaines de pertes en vie humaine depuis le début de l’année. Donner une suite favorable à cette requête sera interprétée par les victimes comme une caution gouvernementale à l’incivisme des transporteurs sur nos axes routiers», indique le président de la Ligue camerounaise des consommateurs. Celui-ci menace par ailleurs de poursuivre le gouvernement en justice pour complicité de meurtres en cas de levée de la suspension.

Si l’incivisme des transporteurs est en cause, l’Etat n’est pas exempt de tout reproche. Pour preuve, l’état dégradé des principaux axes routiers. Il paye aussi sans doute le prix d’un certain laxisme dans l’encadrement et le suivi administratif des agences de voyages.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 31/10/2017 à 17h14, mis à jour le 01/11/2017 à 14h02