Cameroun. La Commission anticorruption doublée par de faux agents

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Le 14/01/2018 à 17h23, mis à jour le 14/01/2018 à 17h26

Créée pour traquer les prévaricateurs de la fortune publique, la CONAC est de plus en plus souvent accusée de corruption. Il s'agit d'une réalité indépendante de sa volonté. Les détails.

Suite à plusieurs plaintes enregistrées par la police ou gendarmerie, le président de la Commission nationale anticorruption du Cameroun (CONAC) a été saisi.

A son tour, le révérend pasteur Dieudonné Massi Gams vient de rédiger un communiqué de presse, dénonçant le nombre croissant d’imposteurs se faisant passer pour des agents de la CONAC. Des hommes et des femmes présentant de faux documents de mission extorquent de l’argent à des personnes prises en délit de corruption, contre leur silence.

Selon les statistiques du CONAC, le secteur de l'éducation est le plus touché par les faussaires. Manifestement, les périodes d'inscription scolaires sont particulièrement prisées, à cause des parents en quête de places pour leurs enfants. Les enseignants et chefs d’établissement qui se livrent au marchandage desdites places se font facilement prendre par de faux agents de la CONAC avec qui ils partagent l’argent de la corruption.

Les grandes métropoles de Yaoundé, Douala, Bafoussam et Bertoua sont en tête de liste des activités de corruption dans le milieu éducatif, compte tenu de la viabilité financière de ces villes. D'autres enquêtes de la CONAC ont révélé que la plupart des personnes impliquées dans la fraude sont le plus souvent des organisations de la société civile qui, dans certains cas, se précipitent vers le CONAC avec des idées brillantes de lutte contre la corruption.

Maintenant que l’image de la commission prend des coups, Dieudonné Massi Gams rappelle que les escrocs ne réussissent jamais à arnaquer des citoyens honnêtes. Ils atteignent très aisément ceux qui ont adopté la corruption comme mode de vie, ainsi que les prévaricateurs de la fortune publique.

Néanmoins, afin de mieux informer le public, «la CONAC organise régulièrement des caravanes de sensibilisation à la lutte contre la corruption dans les différentes régions du territoire. Ces événements, très médiatisés, permettent de distribuer des documents sur lesquels se trouvent tous les contacts de la commission et qui proposent une méthode efficace pour dénoncer les actes de corruption. Par ailleurs, l’institution réalise et diffuse des émissions radiophoniques et télévisées dans lesquelles sont exposés des cas de pratiques de corruption mis à nu par elle. Ce procédé sert d’avertissement à tous ceux qui seraient tentés d’arnaquer ou de corrompre», explique le président de la CONAC.

Et pour distinguer un véritable agent d’un escroc, Dieudonné Massi Gams explique: «les usagers doivent exiger la présentation d’un ordre de mission signé de la hiérarchie de la CONAC à toute personne qui se présente comme agent de cette institution. Et en cas de doute, ils peuvent appeler les services de la CONAC ou saisir le service de police ou de gendarmerie le plus proche ».

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 14/01/2018 à 17h23, mis à jour le 14/01/2018 à 17h26