Cameroun: un antipaludique retiré de la vente après le décès d’un enfant

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Le 05/02/2018 à 17h05, mis à jour le 05/02/2018 à 17h07

Le gouvernement camerounais a instruit le retrait du Co-Arinate, un médicament administré dans le traitement du paludisme, responsable de la mort d’un bébé en janvier dernier.

Le gouvernement camerounais vient d’instruire «la mise en quarantaine du Co-Arinate comprimés adulte et enfant», un médicament indiqué dans le traitement curatif de toutes les formes de paludisme. Cette décision intervient après la mort d’un bébé en janvier dernier à Yaoundé, la capitale du Cameroun.

La famille impute ce décès à la prise de cet antipaludique. «La sécurité première en matière de médicament est la sécurité du patient. Quand un enfant décède ou présente un effet secondaire après la prise d’un médicament, l’imputabilité ne se fait pas de manière automatique. Il faut collecter une multitude d’informations pour établir la responsabilité du produit», a déclaré le Dr Aristide Ateba Etoundi, directeur de la pharmacie au ministère de la Santé publique, dans une interview accordée ce lundi au quotidien national.

Ainsi, par «principe de précaution», le ministre de la Santé publique a demandé le retrait du médicament incriminé du marché. «La quarantaine est une mesure prise pour rassurer le patient et le public», assure le directeur de la pharmacie, selon la même source.

Le Co-Arinate comprimés ne figure pas sur la liste des 42 antipaludiques utilisés en monothérapie et formellement interdits de prescription, de détention, de délivrance et de vente au public depuis le 1er janvier 2007. Ces médicaments ont été retirés du marché camerounais car ils sont à l’origine d’insuffisance rénale.

Ce décès a remis au goût du jour une liste d’antipaludiques retirés du marché de l’Union européenne qui circule depuis quelques années sur les réseaux sociaux. Le message, envoyé aujourd’hui via WhatsApp, affirme que des médicaments contre le paludisme, interdits de commercialisation en Europe, sont librement vendus ou autorisés au Cameroun. «Aucun médicament antipaludique en monothérapie orale ne fait l’objet d’une autorisation de mise sur le marché camerounais», assure le ministre de la Santé publique, André Mama Fouda, dans un communiqué publié en fin de semaine dernière.

Ce dernier reconnaît l’authenticité de la liste actuellement diffusée, mais précise que celle-ci est «constituée d’antipaludiques en monothérapie retirés depuis 2006 du marché camerounais, conformément aux directives nationales qui préconisent l’usage des combinaisons thérapeutiques à base des dérivés de l’Artémisinine pour la prise en charge du paludisme simple par voie orale».

Le communiqué ministériel intervient dans un contexte de frilosité marqué par la peur de la présence du virus Ebola au Cameroun, après la notification de trois décès survenus entre le 8 et le 22 janvier dernier au sein d’une même famille à Yaoundé, dont celui de l’enfant susmentionné. Selon le gouvernement camerounais, des «analyses approfondies» menées par le Centre Pasteur du Cameroun révèlent que la cause de ces décès est due au méningocoque, germe très contagieux responsable des méningites épidémiques, particulièrement en saison sèche.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 05/02/2018 à 17h05, mis à jour le 05/02/2018 à 17h07