Cameroun: incertitudes sur le sort du sous-préfet kidnappé dans le Nord-Ouest

Le 13/02/2018 à 17h33

Alors que certaines informations annoncent le décès du sous-préfet enlevé dimanche 11 février à Batibo, le gouvernement assure que les forces de l’ordre sont mobilisées pour le retrouver.

Les spéculations vont bon train au lendemain de la disparition du sous-préfet de Batibo, enlevé le 11 février dans cette localité de la région anglophone du Nord-Ouest Cameroun.

En effet, des informations contradictoires circulent dans les médias et sur les réseaux sociaux sur le sort réservé à ce dernier, après que son véhicule a été retrouvé calciné. Lundi, certaines sources annonçaient qu’il avait été retrouvé vivant. D’autres affirmaient qu’il avait été tué. Une photo d’un homme sans vie partagée sur les réseaux sociaux laissait croire qu’il s’agissait du cadavre du sous-préfet.

Mais l’information a été vite démentie par l’un de ses adjoints qui a déclaré que le corps en question n’est pas celui de son patron. «Le sous-préfet n’a pas été retrouvé. L’ensemble des forces de défense et de sécurité est mobilisé pour le retrouver», a réagi ce mardi le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary. De sources officielles, le sous-préfet de Batibo serait tombé dans un traquenard.

«Dans la matinée du dimanche 11 février, le sous-préfet de Batibo, dans la région du Nord- Ouest, a été enlevé. Alerté par la population qui signalait une urgence, il s’est rendu sur les lieux. Il s’agissait d’un guet-apens tendu par ses assaillants», a déclaré le porte-parole du gouvernement dans une interview parue ce jour dans le quotidien national.

Cet enlèvement est survenu le jour de l'anniversaire du référendum à l’origine de la réunification du Cameroun francophone et anglophone en 1961, et devenue Fête de la jeunesse en 1966. Les séparatistes anglophones menaçaient depuis plusieurs jours de perturber les célébrations du 11 février dans le pays.

Samedi, le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo, a instauré un couvre-feu d’une semaine dans les deux régions anglophones du pays, par crainte des «attaques imminentes». Ce qui n’a pas empêché les séparatistes de passer à l’offensive. Outre l’enlèvement du sous-préfet de Batibo, dont on est toujours sans nouvelles, trois gendarmes ont été assassinés lors d’une attaque perpétrée par «une centaine d’assaillants» dans la matinée du 11 février à Kembong, dans le Sud-Ouest.

«Nos militaires ne font jamais usage des armes à feu, sauf en cas de légitime défense», a affirmé le porte-parole du gouvernement. Ces propos sonnent comme une réponse à l’Union européenne (UE) qui, la semaine dernière, a appelé l’armée camerounaise à «faire un usage proportionné de la force» dans l’exercice de sa fonction.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 13/02/2018 à 17h33