"Les filles ont été ramenées dans neuf véhicules et déposées devant l'école vers 8h00" (07H00 GMT), a affirmé Bashir Manzo, qui dirige une association d'aide aux parents des enfants enlevés, en ajoutant que les autorités devaient procéder à un décompte précis des filles libérées. "J'ai une liste des filles manquantes avec moi, et là je me rends à l'école pour faire l'appel et voir si certaines d'entre elles sont toujours disparues", a-t-il expliqué. "Mais pour l'instant nous savons qu'au moins une d'entre elles est décédée" pendant sa captivité.
"Elles n'étaient accompagnées d'aucune force de sécurité. Leurs ravisseurs les ont juste déposées et sont partis, sans parler à personne", a ajouté M. Manzo. Cette libération a été confirmée par un autre père de famille qui affirme de son côté que "toutes ont été libérées", sauf "quelques-unes qui ne sont plus en vie".
"J'ai vu ça aux infos", explique de son côté le porte-parole de l'armée nigériane, John Agim. "J'ai appelé le commandement". Des combattants présumés du groupe de Boko Haram affiliés au groupe de l'Etat islamique avaient mené le 19 février un raid sur le pensionnat de l'école pour filles de Dapchi (Etat de Yobe) et étaient repartis avec 110 jeunes filles âgées de 10 à 18 ans.
Mardi, Amnesty International a accusé l'armée nigériane d'avoir été informée des déplacements de combattants dans la région de Dapchi juste avant ce kidnapping de masse, mais de n'avoir pas réagi à temps. Ce drame s'est déroulé dans des circonstances quasi identiques au kidnapping de Chibok, en avril 2014, où plus de 200 lycéennes ont été enlevées déclenchant une vague d'émotion mondiale. Une centaine d'entre elles se sont échappées ou ont été libérées aux termes de négociations avec le gouvernement.
Selon les experts, les rançons versées et les prisonniers libérés, en échange de la libération d'une centaine de lycéennes de Chibok, ont pu motiver Boko Haram à commettre un nouvel enlèvement de masse. Yan St-Pierre, expert en contre-terrorisme pour MOSECOM, note que les filles de Dapchi ne sont pas les premières otages à avoir été libérées cette année.
"Mais cette libération est assez étonnante pour ne pas soulever beaucoup de questions, notamment sur le paiement de rançons", soulève-t-il. "Si c'est ce qu'il s'est passé, le gouvernement nigérian a dû payer une somme importante pour accélérer le processus et éviter un autre Chibok", analyse M. St-Pierre.