Cameroun: Yaoundé accueille le congrès mondial de chirurgie endoscopique en gynécologie

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Le 24/04/2018 à 15h52, mis à jour le 24/04/2018 à 15h54

Les travaux se tiennent dans la capitale camerounaise jusqu’au 27 avril prochain. Une occasion pour les praticiens du continent de débattre de problèmes de haute technicité médicale et de favoriser la démocratisation d’une discipline toujours perçue comme élitiste.

Le gotha mondial de la chirurgie endoscopique en gynécologie est réuni depuis le 23 avril, et ce, jusqu’au 27 avril 2018 à Yaoundé, à l'occasion du congrès mondial de la discipline. Ces assises sont placées sous le haut patronage du chef de l’Etat camerounais, Paul Biya.

Près de mille participants sont attendus à cet événement qui se tient pour la première fois dans un pays d’Afrique centrale. «C’est un grand privilège pour le Cameroun. C’est aussi une façon de démontrer que le pays peut s’asseoir dans la cour des grands et débattre de problèmes d’une très haute technicité. C’est aussi un mérite pour la politique de notre pays. Nous devons profiter de la présence des grands scientifiques du monde», indique le Pr Jean-Marie Kasia, président de la Société africaine de chirurgie endoscopique en gynécologie.

Problèmes d’infertilité, fibromes, cancérologie... Toutes les pathologies gynécologiques seront abordées durant cette semaine dans la capitale camerounaise.

En Afrique, le taux de stérilité atteint 40% dans certaines zones, du fait de cancers gynécologiques. Aussi, le continent voudrait-il davantage développer la technique de l'intervention endoscopique pour remplacer la chirurgie classique. «L’avantage de ce type de chirurgie est d’abord de préserver l’organe. Il y a moins d’infections postopératoires et moins d’antibiotiques à utiliser. L’opération coûte moins cher et sur le plan esthétique, il n’y a pas de vilaines cicatrices», précise le Pr Kasia.

Selon le praticien camerounais, les programmes de formation organisés durant cette semaine pourraient même aboutir à la mise sur pied d’un centre de formation reconnu internationalement au niveau du Cameroun pour pouvoir former les gynécologues de demain. Au Cameroun, cette pratique médicale est récente, mais en forte progression. La première opération connue date de 1992, année où l’on a réussi à opérer une patiente souffrant de stérilité, accompagnée de plusieurs épisodes d’infection pelvienne.

Mais déjà en 1988, le Pr Maurice-Antoine Bruhat, reconnu comme l’inventeur de la chirurgie endoscopique, en visite au Cameroun, exposait ce concept au président Paul Biya. Et, en 1997, son épouse, Chantal Biya, décide de développer cette technique dans le pays. Elle organise à Yaoundé, le premier congrès panafricain de chirurgie endoscopique en gynécologie.

Puis, en 2016, est inauguré le Centre hospitalier de recherche et d’application en chirurgie endoscopique et reproduction humaine (CHRACERH) de Yaoundé, dirigé par le Pr Jean-Marie Kasia. L’établissement est, entre autres, spécialisé dans le domaine de la procréation médicalement assistée.

Des Occidentaux et des patients de la sous-région viennent même y profiter de prestations de haut niveau. D’autres hôpitaux dans le pays opèrent aussi dans le domaine. Cependant, ces structures souffrent du manque de plateaux techniques adéquats et de médecins spécialisés. L’un des défis aujourd’hui dans le pays est de démocratiser cette pratique, toujours considérée comme élitiste.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 24/04/2018 à 15h52, mis à jour le 24/04/2018 à 15h54