Nigeria: le bilan du double attentat s'alourdit à 86 morts

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Le 02/05/2018 à 20h03, mis à jour le 02/05/2018 à 20h07

Des employés du cimetière de Mubi, ville du nord-est du Nigeria théâtre d'un double attentat mardi, ont affirmé mercredi à l'AFP avoir enterré 86 personnes tuées dans l'attaque, contredisant les bilans des autorités, bien inférieurs.

"En tout, 86 morts ont été enterrés entre hier et aujourd'hui", a affirmé un employé du cimetière. "Nous n'avons reçu aucun autre corps depuis 14H30 et nous espérons avoir terminé désormais", a-t-il ajouté sous couvert de l'anonymat.

L'un de ses collègues avance le même chiffre, expliquant qu'ils avaient "enterré 76 corps jusqu'à 21H00 (20H00 GMT)" mardi et "10 ce matin (mercredi), vraisemblablement des personnes blessées qui ont succombé à leurs blessures pendant la nuit. (...) J'étais choqué en entendant" le bilan donné par les autorités, a-t-il confié à l'AFP.

Le porte-parole local de l'Agence nationale de gestion des urgences, Imam Garki, affirme de son côté que ce double attentat attribué au groupe jihadiste nigérian Boko Haram a fait "30 morts", et que les personnes grièvement blessées, "évacuées à Yola", la capitale de l'Etat de l'Adamawa, "répondaient bien au traitement".

Interrogé sur la disparité entre les chiffres officiels et les déclarations des témoins sur place, le ministre local de l'Information, Ahmed Sajo, a reconnu qu'il était "possible que des proches des victimes aient emmené les corps directement pour être enterrés, sans passer par l'hôpital", où ils ont procédé au comptage.

Dans la tradition musulmane, les corps des victimes doivent être rapidement enterrés, ce qui complique le comptage, dans une région très difficile d'accès.

Mardi, à 13H30 (heure locale), un kamikaze s'est fait exploser dans une mosquée de Mubi, dans l'Etat d'Adamawa, puis un second, dans un marché qui se trouve à proximité, au moment où les fidèles s'enfuyaient.

"C'est le chaos ici", avait rapporté à l'AFP un secouriste volontaire, Habu Saleh, peu après l'explosion. Un autre habitant avait parlé de "la pire attaque sur Mubi".

La ville de Mubi a été régulièrement visée par les attaques du groupe jihadiste nigérian Boko Haram, qui sévit dans le nord-est du Nigeria.

Choqué et révolté

Dès mercredi, le vice-président Yemi Osinbajo, se disant "choqué et révolté" par cet attentat, a ordonné le renforcement des mesures de sécurité à Mubi.

"La profanation d'un lieu de prière par des criminels est tragique et condamnable", a déclaré M. Osinbajo dans un communiqué.

"Les services de sécurité ont reçu des instructions pour prendre immédiatement des mesures pour renforcer la sécurité à Mubi et ses environs, et tout particulièrement près des marchés et lieux de prière", a-t-il ajouté.

Le président Muhammadu Buhari, qui veut briguer en deuxième mandat lors de la présidentielle de février 2019, a fait de la lutte antijihadiste une des priorités, mais les attaques régulières et l'enlèvement d'une centaine de lycéennes par le groupe jihadiste en février, mettent au jour les graves failles sécuritaires dans le nord-est du pays.

En visite à la Maison Blanche, où il était reçu lundi par Donald Trump, le président nigérian a remercié les Etats Unis pour leur "soutien dans la lutte contre le +terrorisme+" et d'avoir accepté la vente d'avions militaire et d'armement au Nigeria pour une somme de quelque 500 millions de dollars.

La semaine dernière, des combattants lourdement armés ont lancé une attaque contre la capitale de l'Etat du Borno, Maiduguri, bastion de la région qui abrite plusieurs millions de personnes et fortement sécurisée par l'armée nigériane.

Le conflit qui ravage les contours du Lac Tchad a fait plus de 20.000 morts et 2,6 millions de déplacés au Nigeria depuis 2009.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 02/05/2018 à 20h03, mis à jour le 02/05/2018 à 20h07