Cameroun: les enseignants d’université en grève

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Le 26/07/2018 à 10h13

Les membres du Syndicat national des enseignants du supérieur (SYNES) ont cessé toutes leurs activités académiques depuis mardi 24 juillet 2018 pour dénoncer notamment la «gestion opaque» de la prime de modernisation de la recherche.

Les enseignants des universités publiques du Cameroun observent un débrayage depuis mardi, suite à l’appel à la grève lancé par le Syndicat national des enseignants du supérieur (SYNES), le syndicat le plus représentatif de l’enseignement supérieur.

Dans un communiqué publié à Yaoundé, la capitale, le SYNES «invite les enseignants de toutes les universités d’Etat à observer du mardi 24 juillet 2018 dès 7h30 et ce jusqu’au samedi 28 juillet 2018 à 18h, une grève de protestation pour les retards constants dans le traitement de ce dossier (le préavis de grève adressé le 13 juillet dernier au ministre de l’Enseignement supérieur, NDLR) et le non-paiement de la prime de la modernisation de la recherche du deuxième trimestre 2018, ainsi que des ajustements liés aux changements de grades (premier et deuxième trimestres 2018)».

Le SYNES dénonce notamment «les retards importants» et la «gestion opaque» de la prime de modernisation de la recherche. Pour protester contre cette situation, les enseignants membres de ce corps professoral ont décidé de cesser toutes les activités académiques (enseignements, évaluations, corrections, jurys des examens et des soutenances de master et thèse). Le mouvement n’est pas perceptible à l’université de Yaoundé I, où règne un calme plat ce mercredi 25 juillet 2018.

Les étudiants présents sur le campus sont là pour les compositions, les rattrapages ou le retrait d’un document administratif. La plupart d’entre eux avouent ne pas être au courant d’une grève des enseignants.

«Je n’ai vu aucune manifestation ayant trait à une grève à l’université», affirme le président de l’Association des étudiants de la Faculté des arts, lettres et sciences humaines. Au SYNES, on affirme que la grève est bel et bien effective.

«Les enseignants ont pour obligation d’être au campus mais ils ne travaillent pas. Nous n’allons pas nous mettre devant le portail de l’université et bloquer l’entrée, ou demander aux étudiants de sortir. On ne fait pas la grève à l’université dans ce sens. Donc, le calme sur un campus ne veut pas dire qu’il n’y a pas mouvement. L’administration sait que tel ou tel ne travaille pas», explique un membre du bureau exécutif national du SYNES, joint au téléphone.

«Ceux qui travaillent ne sont pas membres du SYNES, car il y a plusieurs syndicats dans l’enseignement supérieur. C’est leur liberté et nous la respectons», poursuit notre interlocuteur. Le syndicat n’entend pas lever le mot d’ordre tant qu’un «dialogue franc et sincère avec l’administration» ne sera pas ouvert sur les doléances formulées.

«Nous allons aller jusqu’au bout et nous allons tenir une réunion pour décider de la suite à donner à notre mouvement, car la grève ne concerne pas seulement la prime. Même si la prime est payée, il y a d’autres doléances qui ont été posées», précise notre source.

En effet, le SYNES revendique également l’organisation d’une session du Comité consultatif des institutions universitaires, organe chargé d’examiner les dossiers de candidature au changement de grades dans les universités. Le syndicat souhaite aussi une rencontre avec l’administration avant le 15 septembre prochain pour «réactiver» le plan triennal d’amélioration du cadre d’exercice de la profession d’enseignant-chercheur. 

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Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 26/07/2018 à 10h13