Afrique du Sud: un ministre respecté accuse Zuma d'avoir ouvert la voie de la corruption

Pravin Gordhan, le ministre des Finances sud-africain, le 24 février 2016 au Cap.

Pravin Gordhan, le ministre des Finances sud-africain, le 24 février 2016 au Cap.. DR

Le 20/11/2018 à 08h56, mis à jour le 20/11/2018 à 09h05

Un ministre sud-africain respecté, chantre de la lutte contre la corruption, a accusé lundi l'ancien président Jacob Zuma d'avoir "autorisé un climat d'impunité permettant la corruption".

Pravin Gordhan, qui a été limogé de son poste de ministre des Finances par Jacob Zuma en 2017, a affirmé avoir "été un membre involontaire d'un exécutif qui a été manipulé et abusé au profit de quelques familles".

"Nous avons autorisé un climat d'impunité qui a permis (...) la corruption", a-t-il ajouté devant une commission d'enquête spéciale qui se penche sur les multiples accusations de corruption au sommet de l'Etat sud-africain pendant la présidence Zuma (2009-2018).

Pravin Gordhan, qui occupe actuellement le poste de ministre des Entreprises publiques, a récemment estimé à 100 milliards de rands (6 milliards d'euros) le montant des fonds publics détournés ces dernières années dans son pays.

Cela "a eu un impact très important sur la croissance économique" de l'Afrique du Sud, actuellement en récession, a estimé M. Gordhan lundi, prévenant que "ceux qui ont commis des délits vont jouer la distraction".

Son interrogatoire doit se poursuivre mardi devant la commission d'enquête spéciale sur la corruption, devant laquelle défilent depuis août ministres, élus, banquiers ou hauts fonctionnaires.

Jacob Zuma, contraint à la démission en février, est soupçonné d'avoir accordé pendant la deuxième moitié de son règne de juteux contrats publics et des avantages indus à une sulfureuse famille d'hommes d'affaires, les Gupta, dont il est proche.

Début octobre, Nhlanhla Nene avait témoigné devant la commission d'enquête et vidé son sac contre Jacob Zuma, expliquant avoir été congédié de son poste de ministre des Finances pour s'être opposé à un juteux contrat nucléaire avec la Russie, qui n'a jamais abouti.

L'actuel président, Cyril Ramaphosa, patron du Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis 1994, a promis de tordre le cou à la corruption. Il joue gros, alors que les élections générales sont prévues pour mai 2019.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 20/11/2018 à 08h56, mis à jour le 20/11/2018 à 09h05