Cameroun: la ruée vers le mandarin pour décrocher un job

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Le 08/12/2018 à 13h20, mis à jour le 08/12/2018 à 13h26

De nombreux jeunes se lancent dans l’apprentissage du mandarin pour décrocher un emploi dans l’une des entreprises chinoises qui opèrent dans le pays ou pour aller travailler en Chine.

La Chine est en train de conquérir l’Afrique et le monde pas seulement par sa technologie et ses industries, mais aussi par sa culture. Et l’un des instruments de cette culture est sa langue. Dans le but de promouvoir la langue et la culture chinoises, des Instituts Confucius sont ainsi créés à travers tous les continents.

Ces instituts proposent des cours de langues, des séminaires sur la Chine ancienne ou actuelle, ainsi que des activités culturelles.

A sa création en 2007 à Yaoundé, la capitale, l’Institut Confucius n’attirait pas grand-monde. «Le centre accueillait quelques étudiants de l’Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC), des enfants de 5 à 7 ans et une poignée d’hommes d'affaires», confiait Pauline Zang Atangana, l’une des premières enseignantes camerounaises de langue chinoise. 

Mais les choses ont bien changé depuis lors. En 10 ans d’existence, le nombre d’apprenants a explosé et des annexes ont été ouvertes dans d’autres villes du pays, notamment à Douala, la métropole économique et à Maroua, la capitale régionale de l’Extrême-Nord, afin de satisfaire une demande sans cesse croissante.

«Chaque année, le nombre d'inscriptions augmente de plus de 1.000 élèves», selon un responsable de l’Institut Confucius.

En 2017, quelques 15.000 personnes se sont inscrites dans les différents campus de ce centre culturel dans le pays.

Cette ruée vers le mandarin s’explique par la présence de nombreuses entreprises chinoises qui opèrent au Cameroun.

Premier partenaire économique de Yaoundé, la Chine finance notamment de nombreux grands projets d’infrastructures énergétiques, routières, portuaires, sportives et sanitaires dans le pays.

Et pour de nombreux jeunes Camerounais, apprendre la langue chinoise est le moyen idéal de se faire recruter dans une de ces entreprises, voire de de décrocher un emploi en Chine.

«Pour espérer un contrat de travail avec ces entreprises chinoises, il est important de parler le chinois», avance un étudiant de l’université de Yaoundé I, qui espère décrocher une bourse afin d’aller étudier le mandarin dans l’Empire du milieu.

Outre les étudiants, la langue chinoise attire également des opérateurs économiques camerounais qui font des affaires avec des compagnies chinoises.

Les professionnels de la santé, qui travaillent avec les équipes médicales chinoises se sont eux aussi mis à l’apprentissage de cette langue afin de briser la barrière linguistique.

L’offensive culturelle chinoise est également visible dans plusieurs écoles primaires du pays, où des cours de mandarin sont dispensés aux écoliers, souvent dès la section d’initiation au langage (SIL). 

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 08/12/2018 à 13h20, mis à jour le 08/12/2018 à 13h26