Soudan: 9 manifestantes ont été condamnées à la flagellation

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Le 10/03/2019 à 07h16

Neuf Soudanaises ont été condamnées samedi à un mois de prison et 20 coups de fouet pour avoir participé à une manifestation antigouvernementale non autorisée à Khartoum.

Ces condamnations ont été prononcées par un tribunal d'exception de Khartoum au lendemain de l'ordre, donné aux services de renseignement par le président Omar el-Béchir, de libérer toutes les femmes détenues pour avoir participé depuis décembre aux protestations contre son régime.

Les autorités soudanaises ont créé ces tribunaux d'exception pour juger toute personne ayant violé l'état d'urgence après son instauration par Béchir, dans tout le pays et pour une durée d'un an, le 22 février.

Ces mesures visent à mettre un terme à la contestation, déclenchée par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain et durement réprimée.

Les neuf femmes ont été conduites devant le tribunal d'exception de la capitale, après avoir été arrêtées jeudi pour avoir participé plus tôt dans la journée à une "manifestation interdite" dans le quartier de Burri, lieu de rassemblements réguliers depuis décembre.

Les neuf femmes condamnées "ont été emmenées à la prison pour femmes d'Omdourman", ville voisine de Khartoum, a affirmé à l'AFP l'avocate Enaam Atieg, ajoutant qu'elle fera appel du verdict dimanche.

"Leurs avocats ayant fait pression sur le tribunal, celui-ci n'a pas encore fait appliquer les peines de flagellation", a indiqué l'Alliance démocratique des avocats dans un communiqué.

Des militants et ONG de défense des droits humains soutiennent que l'application de la charia (loi islamique) stigmatise les femmes au Soudan et affirment que plus de 15.000 femmes ont été condamnées à la flagellation en 2016, en application de lois controversées sur l'ordre public.

Vendredi, l'ordre donné par Béchir de libérer toutes les femmes détenues depuis le 19 décembre est intervenu à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes.

Les responsables soudanais n'ont pas indiqué combien de femmes avaient été arrêtées lors des manifestations. Selon des militants de l'opposition, environ 150 femmes sont derrière les barreaux.

Le président avait reconnu début février que les jeunes, et principalement les jeunes femmes, étaient à la tête du mouvement de contestation qui demande sa démission, 30 ans après son arrivée au pouvoir grâce à un coup d'Etat.

Selon des ONG, des centaines de personnes, dirigeants de l'opposition, militants et journalistes, ont été arrêtées depuis le début de la contestation.

Un bilan officiel fait état de 31 morts. L'ONG de défense des droits humains Human Rights Watch évoque pour sa part au moins 51 morts.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 10/03/2019 à 07h16