Cameroun: inquiétudes au sujet de la rentrée scolaire en zone anglophone

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Le 28/08/2019 à 07h58, mis à jour le 28/08/2019 à 08h00

A quelques jours du début des cours le 2 septembre prochain, le gouvernement assure que des conditions propres à garantir une rentrée des classes sécurisée ont été prises, malgré des menaces des sécessionnistes qui prévoient notamment d'instaurer un «lockdown» de plusieurs jours.

Les élèves des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun retrouveront-ils le chemin de l'école le 2 septembre prochain, date de la rentrée scolaire dans le pays ? Telle est la question que se posent de nombreux observateurs. En effet, depuis le début de la crise anglophone fin 2016, l'éducation est l'un des secteurs les plus affectés, au regard du tribut payé par la communauté éducative.

Selon le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, 27 attaques terroristes ont été perpétrées contre le système éducatif dans ces deux régions entre les mois de janvier et d’août 2019. Par ailleurs, au courant de l’année académique 2018-2019, l’on a enregistré un total de 19 enseignants et 58 étudiants kidnappés, dans les universités de Bamenda et de Buea.

Ce, sans oublier des enseignants tués, à l'instar de la décapitation du nommé Wountai Vondou Olivier, professeur d’histoire-géographie au lycée de Nitop (Bamenda) le 21 mai 2019. Ni les mots d’ordre de grève, agressions physiques et menaces à l’endroit des élèves et des enseignants, des incendies d'établissements scolaires, etc.

Les craintes sur la tenue de l'école sont d'autant plus renforcées que ces derniers jours, les sécessionnistes appellent à un «lockdown» jusqu’au 16 septembre prochain dans cette parie du pays. Une manière sans doute de saper les efforts entrepris par le gouvernement et certains acteurs de la société civile, engagés dans une opération baptisée «Back to school». Ce, avec pour objectif d'inciter la reprise des cours dans ces régions.

Elèves déplacés

Après la condamnation à vie de certains leaders sécessionnistes par un tribunal militaire à Yaoundé, d'aucuns craignent notamment une radicalisation du mouvement de boycott de l'école.

«La paralysie de l’activité scolaire observée dans les deux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis de longs mois, du fait des exactions inadmissibles des bandes armées de la nébuleuse sécessionniste, et qui a rendu les établissements scolaires et universitaires totalement ou partiellement inaccessibles aux élèves, aux étudiants et au personnel enseignant et d’appui, constitue non seulement des violations flagrantes des dispositions pertinentes des lois et règlements de la République, mais aussi de véritables transgressions des conventions internationales relatives au droit de l’enfant à l’éducation», déclare le ministre Sadi, par ailleurs porte-parole du gouvernement.

Pour sa part, les autorités tentent de rassurer la communauté éducative. «Le gouvernement tient, dans cette perspective, à rassurer les populations quant aux mesures prises par les autorités administratives et nos forces de défense et de sécurité pour créer les conditions propres à garantir une rentrée des classes sécurisée, en dépit des menaces de toute nature que les hors-la-loi sécessionnistes continuent de proférer à l’endroit des populations, ainsi que des élèves et des étudiants», affirme le membre du gouvernement lors d'un point de presse ce lundi 26 août à Yaoundé, la capitale.

D'autres mesures incitatives comme des allègements au niveau du paiement des droits exigibles et des facilités pour l'accueil des élèves déplacés dans les autres régions du pays ont été annoncées par le gouvernement.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 28/08/2019 à 07h58, mis à jour le 28/08/2019 à 08h00