Cameroun. Kidnappings, crimes rituels: pour les parents, vigilance requise en cette fin d'année

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Le 23/12/2019 à 14h54, mis à jour le 23/12/2019 à 14h56

Les avis de recherches d'enfants perdus et les appels à reconnaissance d'enfants retrouvés errant dans la rue se multiplient sur les réseaux sociaux. Face aux prédateurs sexuels et aux crimes rituels, les parents prennent leurs précautions.

En cette période de fin d'année qui coïncide avec les congés du premier trimestre pour les élèves, parents et autorités locales en appellent à la prudence. L'effervescence et la cohue de cette période sont propices aux inattentions et aux disparitions d'enfants.

Les avis de recherches d'enfants perdus se multiplient en effet sur les réseaux sociaux. Idem pour des appels à reconnaissance d'enfants retrouvés errant dans la rue.

Pour la plupart, il s'agit de fugues ou d'égarements qui se terminent juste par des sueurs froides pour les parents. Mais parfois, les conséquences peuvent être plus graves. A l'image de cette disparition de trois adolescentes, élèves d'un collège privé de Yaoundé, qui a défrayé la chronique il y a quelques jours.

Les trois filles, âgées de 13, 14 et 15 ans, ont été retrouvées après avoir été séquestrées et abusées sexuellement par des proxénètes pendant environ trois semaines. Elles avaient décidé de rendre visite à un parent de l'une d'entre elles, à Mfou, localité à quelques kilomètres de Yaoundé.

Mais, ne connaissant pas bien la vile, elles se sont perdues et sont tombées dans les filets d'un proxénète qui les a enfermées dans une maison avant de les livrer aux caprices sexuels de toutes sortes de ses clients. Plusieurs personnes ont été interpellées suite à l'enquête qui en a découlé.

«La protection des enfants relève d’abord des parents. Lorsqu’un mineur disparaît de son domicile familial et qu’une personne de bonne moralité le conduit à notre niveau, nous lançons l’appel à la reconnaissance. Il y a des enfants qui fuguent à cause des maltraitances», indique Raymond Olinga, policier.

L'effervescence des fêtes de fin d'année aidant, les parents emmènent les enfants en promenade ou pour les achats de Noël. Une période qui appelle particulièrement à la vigilance.

«Pour l'achat des cadeaux de mes enfants, je conversais par téléphone avec eux au sujet de leurs préférences en jouets. Avec les moyens de communication actuels, nous conversions par appels vidéos. C'est compliqué de surveiller les enfants qui déambulent dans les rayons des magasins ou leur tenir la main dans la rue, surveiller le budget achat, guetter les bonnes affaires, faire les arbitrages et tenter de repérer de potentielles personnes malveillantes aux alentours. De même pour leurs vêtements, le tailleur est venu prendre les mesures à la maison», confie Deborah Nken, mère de famille.

«Même lorsque j'envoie mon fils de huit ans à la boutique, je me place au portail et je le regarde aller jusqu'au coin de la rue jusqu'à son retour, puisque j'ai une vue dégagée sur tout son trajet. Même s'il faut lui laisser un peu d'autonomie, je reste quand même prudente», ajoute Rachel Mvondo, enseignante.

La crainte des parents notamment est qu'au-delà des abus sexuels, que les enfants enlevés soient tués pour des crimes rituels par des individus en quête de gloire et d'argent. Tout le monde a encore en mémoire la psychose qui s'est emparée du quartier dit Mimboman à Yaoundé, voici quelques années, où plusieurs crimes et disparitions mystérieuses ont eu lieu.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 23/12/2019 à 14h54, mis à jour le 23/12/2019 à 14h56