Cameroun. Coronavirus: aide humanitaire, Human Rights Watch veut un accès «sans entrave» dans les zones en conflit

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Le 14/04/2020 à 09h12, mis à jour le 14/04/2020 à 09h14

L’ONG de défense des droits de l’Homme souhaite que la réponse à la pandémie de Covid-19 du gouvernement camerounais respecte les droits humains et donne la priorité à l’assistance aux populations qui en ont le plus besoin, notamment dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord.

Face à la pandémie de coronavirus (Covid-19), les autorités camerounaises devraient permettre un accès «sans entrave» à l’aide humanitaire dans les zones en conflit pour leur permettre d’y apporter une «assistance qui est vitale», affirme l’ONG Human Rights Watch (HRW) dans un nouveau rapport publié le 10 avril dernier.

«La pandémie de Covid-19 survient en temps de crise au Cameroun, en particulier dans les régions anglophones du pays et dans la province de l’Extrême-Nord. Davantage devrait être fait pour assurer que les citoyens les plus exposés aux risques et ceux qui fuient les affrontements soient protégés de l’infection et puissent recevoir des soins s’ils tombent malades», a déclaré Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior auprès de la division Afrique à HRW.

Selon l’organisation de défense des droits de l’Homme, en plus des mesures prises par le gouvernement pour freiner la propagation du virus, «une réponse humanitaire plus générale est essentielle pour sauver des vies» dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en proie à la crise anglophone depuis fin octobre 2016, ainsi que dans l’Extrême-Nord où sévit le groupe djihadiste Boko Haram.

«Les attaques régulièrement perpétrées dans ces régions par Boko Haram et par les séparatistes, ainsi que les opérations de l’armée camerounaise, ont déjà entraîné de sévères restrictions d’accès pour les agences humanitaires et réduit leur capacité d’évaluer les besoins et de fournir une assistance aux personnes qui en ont le plus besoin», affirme l’ONG.

La fermeture des frontières compromet également l’activité des organisations d’aide humanitaire qui acheminaient des vivres dans les zones en conflit, déplore HRW.

«Les vols humanitaires sont interrompus depuis plus de trois semaines. Les agences de l’ONU et les organisations non gouvernementales ne cessent de demander au gouvernement de les ré-autoriser. Ces vols sont essentiels pour pouvoir atteindre les personnes les plus vulnérables qui vivent dans des zones reculées. Alors que le virus se répand rapidement, c’est exactement le moment où le gouvernement du Cameroun devrait nous faciliter la tâche», rapporte l’ONG, en citant le chef d’une organisation humanitaire internationale basée au Cameroun.

Le 8 avril dernier, l’ambassade des Etats-Unis a demandé aux autorités camerounaises d’autoriser le Service aérien humanitaire de l’ONU à reprendre ses vols dans les zones en conflit «pour aider les personnes dans le besoin et lutter contre Covid-19». Le Cameroun a franchi la barre des 800 cas d’infections au Covid-19. Des chiffres que contestent HRW, pour qui «le nombre réel de cas est très probablement plus élevé, car les capacités de dépistage sont limitées».

Le gouvernement camerounais n’a pas encore officiellement réagi à ce nouveau rapport. En février dernier, les autorités ont accusé HRW de mener une «vendetta» contre le Cameroun, remettant notamment en cause la partialité de ses rapports.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 14/04/2020 à 09h12, mis à jour le 14/04/2020 à 09h14