Coronavirus: le Cameroun franchit le cap de 1000 cas positifs

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Le 20/04/2020 à 15h42, mis à jour le 20/04/2020 à 17h05

Malgré les mesures de restrictions prises par les autorités, l’épidémie continue de gagner du terrain. Tentatives de compréhension au lendemain du franchissement de cette barre symbolique des 1000 cas positifs au coronavirus.

Au 19 avril 2020, le Cameroun comptabilisait 1161 cas déclarés positifs au coronavirus (Covid-19), pour 42 morts. Cependant, depuis quelques jours, le ministère de la Santé publique a cessé de communiquer sur le nombre total d’infections lors du traditionnel point de presse quotidien sur l’évolution du coronavirus dans le pays.

Même si l’on note également 305 guérisons, ces chiffres font du pays l’un des plus touchés par la pandémie en Afrique subsaharienne. Depuis la notification du premier cas de Covid-19 le 6 mars 2020, l’épidémie est rentrée dans sa phase de contamination communautaire, alors que la grande majorité des premiers cas était jusque-là importée. Par ailleurs, la maladie s'étend également au plan géographique, avec neuf régions touchées sur dix au total. Le septentrion, jusque-là épargné, a enregistré ses premiers cas le week-end dernier. Comment en est-on arrivé là en moins de deux mois?

D’une part, si les premiers cas ont été importés par des voyageurs en provenance de pays déjà touchés par la pandémie, pour d’aucuns, le gouvernement a tardé à prendre des mesures restrictives au sujet notamment des vols en provenance de ces pays, le dispositif de prise de température des voyageurs dans les aéroports se révélant inefficace pour les cas asymptomatiques. Le 17 mars 2020, le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, a annoncé une série de 13 mesures pour «renforcer» le dispositif déjà en place. Parmi elles, la suspension des vols passagers en provenance de l’étranger.

D’autre part, le processus de mise en quarantaine des voyageurs en provenance de l’étranger a révélé des failles. Certains, refusant de s’y soumettre, ont disparu dans la nature. D’autres, privilégiés, ont été évacués des lieux en catimini par des proches haut placés. Par ailleurs, le Cameroun n’a pas opté pour un confinement «strict» de la population ou des villes touchées par l’épidémie comme certains pays.

«Aucune décision de confinement total ou partiel de la population n'a été prescrite par le chef de l’Etat», a déclaré le Premier ministre le 24 mars 2020. Difficile en effet de prendre une mesure si radicale dans un contexte socio-économique morose, notamment pour les travailleurs du secteur informel. Si le port du masque facial est désormais obligatoire, les rassemblements de plus de 50 personnes interdits, les débits de boissons et lieux de loisirs fermés dès 18h, les déplacements interurbains et urbains restent par contre maintenus.

Des aménagements ont cependant été faits par les autorités, avec la réduction du nombre de passagers dans les transports pour limiter les contacts. Les autorités peinent également à trouver la bonne formule pour réguler les marchés qui restent ouverts, malgré les mesures de distanciation sociale prescrites. «Les marchés restent encore un sujet de préoccupation majeure. J’en appelle au civisme et à la responsabilité pour une plus grande fluidité dans ces espaces particuliers», a concédé le chef du gouvernement lors d’une récente communication.

«Le virus est désormais présent dans la quasi-totalité de nos grandes agglomérations. Et si nous n’y prenions garde, il pourrait dépasser les espaces de grand regroupement et de rencontre que sont les marchés, les transports, etc., pour davantage se développer dans nos espaces de vie intime», a déclaré le Dr Fanne Mahamat, directeur de la promotion de la santé au ministère de la Santé publique, lors du point quotidien sur la maladie dimanche.

L’arrivée prochaine d’une cargaison de 300.000 tests, la décentralisation des centres de dépistage et la campagne massive de tests annoncée, le nombre de cas positifs au coronavirus devrait à nouveau rapidement grimper… Ajoutons à cela une défiance de certaines populations face à la maladie, les croyances locales, des patients positifs qui se cachent par «honte», etc. Le combat contre la Covid-19 ne fait que commencer pour le pays.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 20/04/2020 à 15h42, mis à jour le 20/04/2020 à 17h05