Le Cameroun entend encadrer la pratique de la médecine traditionnelle pour en faire un complément efficace dans son offre de santé nationale. Pour ce faire, un avant-projet de loi organisant la pratique de cette profession dans le pays est en cours de finalisation, et sera très prochainement transmis au gouvernement.
«Nous travaillons de manière très étroite avec le ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation à la production d’un projet de loi qui va être soumis au gouvernement assez rapidement pour que l’encadrement juridique puisse être trouvé», a déclaré le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie.
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Au Cameroun, 80% de la population a recours à la médecine traditionnelle, dont la contribution dans le cadre de la riposte contre la pandémie de coronavirus (Covid-19) est salué et encouragé par les pouvoirs publics.
Durant la crise sanitaire en effet, plusieurs solutions thérapeutiques locales ont été développées en complément à celles de la médecine moderne à l’effet de traiter les malades atteints de Covid-19. La plus célèbre est la potion à base de plantes naturelles de l’archevêque métropolitain de Douala, Mgr Samuel Kleda, qui revendique des milliers de guérisons.
«Je suis africain et comme tout Africain, nous connaissons très bien l’apport de la médecine traditionnelle dans la santé de tous. Maintenant, la difficulté que nous avons eue jusqu’ici, c’est la structuration de cette profession. Pour qu’on puisse mieux l’encadrer, il faudrait que la profession s’organise, qu’on ait des interlocuteurs qui soient bien connus et qu’on ait une liste de tous les tradi-praticiens pour nous permettre de pouvoir mieux avancer», affirme le ministre de la Santé. Cette loi devrait donc créer un cadre réglementaire juridique afin de donner à la médecine traditionnelle un statut et un code éthique.
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C'est d'ailleurs ce que réclament les praticiens de ce secteur depuis de nombreuses années.
A ce propos, à l’issue d'une séance plénière spéciale d’informations et d’échanges entre membres du gouvernement, députés, médecins, chercheurs et praticiens, Mgr Kleda avait expliqué le 25 juin dernier, que «les gens se sont toujours soignés avec les plantes. Toutefois, la phytothérapie n’a pas la place qui devrait être la sienne. Elle doit être étudiée de façon scientifique. Il faudrait que la phytothérapie ou la médecine traditionnelle entre dans nos écoles de formation médicale. J’ai lancé un appel à nos députés de voter des lois qui vont sortir la phytothérapie de l’oubli. Nous attendons que les médecins prescrivent des traitements à base de plantes».