Il s'exprimait à distance dans un discours lu à Rome, sur la célèbre place du Capitole, devant un prestigieux parterre de dirigeants religieux du christianisme, du judaïsme et du bouddhisme - dont le pape François, le patriarche œcuménique Bartholomée ou encore le grand rabbin de France Haïm Korsia- qui se sont retrouvés mardi pour signer un appel commun à la paix.
Ils ont aussi observé une minute de silence en mémoire des victimes de la pandémie et de toutes les guerres.
"En tant que musulman et grand imam d'Al-Azhar, je déclare que l'islam, ses enseignements et son prophète n'ont rien à voir avec cet acte criminel odieux", déclare en arabe le grand imam sunnite dans ce discours.
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"Dans le même temps, j'insiste sur le fait qu'insulter des religions et attaquer leurs symboles sacrés, au nom de la liberté d'expression, est un double standard intellectuel et un appel à la haine", a-t-il ajouté.
Samuel Paty, un professeur d'histoire-géographie, a été décapité vendredi près du collège de Conflans-Sainte-Honorine, au nord-ouest de Paris.
Selon le ministre français de l'Intérieur, il était visé par une "fatwa" lancée par un parent d'élève et un prédicateur pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet lors d'un cours sur la liberté d'expression.
L'assaillant, Abdoullakh Anzarov, un Russe Tchétchène de 18 ans, a été tué par la police française. "Ce terroriste ne représente pas la religion du prophète Mahomet", a encore commenté le grand imam d'Al-Azhar, dans son discours traduit de l'arabe par l'AFP.
L'institution islamique sunnite avait qualifié début septembre d'"acte criminel" la réédition en Une du journal français Charlie Hebdo des caricatures du prophète Mahomet à l'occasion du procès des attentats jihadistes de janvier 2015 en France.
Et en octobre elle avait jugé "raciste" le discours du président français Emmanuel Macron contre le "séparatisme islamiste", dénonçant des "accusations" visant l'islam.
Le pape François a co-signé en février 2019 à Abou Dhabi (Emirats arabes unis) un "document sur la fraternité humaine" avec le cheikh Ahmed al-Tayeb. Ils y condamnent ensemble l'extrémisme religieux et le soutien aux terroristes.
Dans son discours sur la paix prononcé mardi devant les autres responsables religieux, le souverain pontife a pour sa part estimé que "les religions sont au service de la paix et non des spectateurs inertes du mal de la guerre et de la haine", tout en déplorant que "le terrorisme ou le radicalisme soient perpétrés parfois au nom de la religion".