"Je n'y crois pas. Les médias d'Abiy Ahmed (le Premier ministre éthiopien, NDLR) diffusent des fake news", assure Mangosto Dekhele, 45 ans, installé avec sa famille dans le "Village 8", un camp de transit près de la frontière avec l'Ethiopie.
"Oui, c'est sur qu'Abiy bombarde Mekele et mène des raids aériens, mais qu'il contrôle des villes (au Tigré) ce n'est pas possible", ajoute-t-il.
Abiy Ahmed a annoncé samedi soir que l'armée avait pris le "contrôle total" de Mekele, une étape décisive de l'opération militaire lancée le 4 novembre dans cette région dissidente du nord de l'Ethiopie.
Les autorités tigréennes, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), seraient retranchées dans cette ville qui comptait 500.000 habitants avant le début du conflit.
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Dimanche matin, il n'était toujours pas possible de vérifier de manière indépendante si la ville était totalement sous le contrôle de l'armée fédérale, dont un porte-parole, Mohamed Tessema, a affirmé à l'AFP que les opérations s'y déroulaient "très bien".
"Récemment il (Abiy Ahmed) a annoncé la prise d'une petite ville mais peu après, nous nous sommes aperçus que c'était de la propagande", dit Haylo, 20 ans. "Il a coutume de distiller des fausses informations aux Ethiopiens et au monde", assure le jeune homme.
Simon Gabryones, 30 ans, est lui aussi catégorique: "Il ne peut pas prendre Mekele. C'est un symbole pour les Tigréens et notre dirigeant (le président du Tigré et chef du TPLF, Debretsion Gebremichael) est bien plus fort".
Les tensions entre Addis Abeba et le TPLF, qui a contrôlé durant près de trois décennies l'appareil politique et sécuritaire éthiopien, ont culminé avec l'organisation en septembre au Tigré d'un scrutin qualifié d'"illégitime" par le gouvernement fédéral.
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"Il a menti sur Mai-Kadra quand il a déclaré que les Tigréens avaient tué des habitants (de l'ethnie) Amhara et qu'ils avaient pillé leurs propriétés. (...) C'est nous qui sommes venus ici avec le vêtement que nous portons sur notre dos", s'exclame énervée Genet Gebramayki.
Le 9 novembre, dans la localité du Tigré de Mai-Kadra, des centaines de civils ont été tués, à coups de bâtons, de couteaux, de machettes et de hachettes, voire étranglés avec des cordes. Chaque camp s'accuse mutuellement du massacre.
Au poste-frontière de Lugdi, des réfugiés continuaient à arriver par petits groupes dimanche, a constaté l'AFP sur place.
Près de 45.000 réfugiés éthiopiens ont gagné le Soudan depuis début novembre, d'après l'Onu.