Cameroun: quand les enfants travaillent durant les vacances pour soutenir les familles

VidéoDans le but de soutenir leurs familles, certains enfants sont envoyés par leurs parents dans la rue pour faire un petit commerce. Une activité qui les expose pourtant à toutes sortes de dangers.

Le 20/06/2022 à 14h11

Les marchés, les carrefours, les rues et les lieux de forte concentration humaine sont actuellement noirs d’enfants. Il s’agit des vacanciers qui ont pris d’assaut ces endroits pour leur petit commerce. Le phénomène est perceptible dans les grandes villes et celles moyennes du Cameroun.

Pour la plupart issus de familles à revenus modestes, ces enfants ont pour tâche de trouver de l’argent durant ces vacances en vue d’aider leurs parents à mieux préparer la prochaine rentrée scolaire. Ils sont ainsi aperçus dans ces lieux sur des petits étalages lorsqu’ils ne sont pas ambulants. Ils proposent alors toutes sortes de marchandises à leurs clients: arachides, bonbons, mangues, vêtements pour enfants, eau fraîche, pommes et bien d’autres objets qui peuvent facilement être écoulés sur le marché.

Leur âge variant entre 8 et 15 ans, ces enfants sont généralement loin de la protection de leurs parents ou tuteurs. Ce qui les expose à tous les dangers possibles, notamment les accidents de la voie publique, les enlèvements, les trafics de toute sorte et les abus sexuels dans le cas des jeunes filles.

Pour la majorité des parents, les temps sont devenus tellement difficiles qu’il est important d’impliquer les enfants dans la recherche de financements pour la famille. André, père de 4 enfants tous vendeurs dans la rue, soutient que «ces petites activités leur permettent de devenir des hommes capables de se prendre en charge eux-mêmes au cas où je ne suis plus de ce monde. J’élève mes enfants dans ce sens de peur qu’ils soient des paresseux.»

Et quand on dit à André qu’il s’agit là d’une violation des droits de l’enfant, sa voisine Honorine relève avec insistance: «Monsieur le journaliste, laissez-nous avec ces histoires des droits de l’enfant. Nous sommes des Africains et nous ne deviendrons jamais des Occidentaux. Chaque peuple a sa culture et ses réalités. Amener mon enfant à cultiver les notions d’autonomisation n’est pas violer ses droits. Nous avons vécu dans cette logique et nous transmettons cette belle vision à nos enfants.»

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 20/06/2022 à 14h11