La profession de sage-femme peu valorisée au Cameroun

VidéoLa profession de sage-femme est bien encadrée par les lois camerounaises. Les écoles de formation existantes en témoignent. Pourtant, on ne compte plus le nombre de diplômés issus de ces établissements qui chôment dans le pays.

Le 24/09/2022 à 13h05, mis à jour le 24/09/2022 à 13h06

Le Cameroun fait face à un véritable déficit de ressources humaines dans le secteur de la santé en général, et en particulier en santé de la reproduction, un des axes stratégiques de la Campagne pour l'accélération de la réduction de la mortalité maternelle en Afrique au sud du Sahara.

Pour rappel, la mise en œuvre de cette campagne lancée en 2010 par le Cameroun s’était faite dans le cadre d’un programme conjoint entre cinq agences du système des Nations unies, notamment le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Programme commun des Nations unies sur le VIH/SIDA et la Banque mondiale.

La réduction de la mortalité maternelle implique alors des sages-femmes et maïeuticiens bien formés car il a été démontré que dans les pays où les services de prise en charge des femmes enceintes se sont améliorés, les sages-femmes et les maïeuticiens ont été la clé de voûte. Malheureusement, ces techniciens de la santé publique éprouvent d’énormes difficultés pour exercer leurs fonctions au Cameroun. Et pour diverses raisons.

Tout d'abord, une fois sorti de l'école de formation, le travail dans une structure publique n’est pas garanti. Certains statisticiens parlent de 10 sages-femmes et maïeuticiens recrutés sur 1.000 formés. Aussi, les conditions de travail sont tellement rudes que la sage-femme ou le maïeuticien passe plus de temps au travail que les autres employés d’une formation sanitaire.

Nombreux accusent, en outre, le volume du travail dû aux effectifs faibles. Enfin, la sage-femme ou le maïeuticien est le seul technicien de la santé qui n’est pas réellement respecté dans l’exercice de ses fonctions car il peut être muté à la guise du chef d’une formation sanitaire sans que celui-ci ne tienne compte des exigences de sa profession.

Ces spécialistes appellent donc à l’aide les humanitaires et toutes les agences du système des Nations unies pour l’amélioration de leurs conditions de travail et surtout l’insertion de ceux qui n’exercent toujours pas. Les écoles de formation sont également dans ce besoin, à l’instar de l’Ecole des sages-femmes et maïeuticiens de Bertoua, dans l’est du pays, dont le plateau technique d’expérimentation a besoin d’être renforcé.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 24/09/2022 à 13h05, mis à jour le 24/09/2022 à 13h06