Au Caire, les plus hautes autorités elles-mêmes ne s'en cachent pas. Mohamed Salah, qui se tient pourtant soigneusement éloigné de la politique, est "un symbole du +soft power+ de l'Egypte", a clamé Ahmed Abou Zeid, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Cette déclaration sur Twitter faisait suite à un nouveau récital de l'attaquant, auteur d'un doublé et de deux passes décisives, lors de la victoire 5-2 des "Reds" sur l'AS Rome, mardi en demi-finale aller de la Ligue des champions. Le match retour a lieu ce mercredi en Italie.
Ce nouvel exploit a poussé le président Abdel Fattah al-Sissi, également sur les réseaux sociaux, à se dire "fier" de Mohamed Salah "et de tout Egyptien qui porte haut le nom de l'Egypte".
Dans un pays dont l'image s'est détériorée depuis la révolte de 2011 et les désordres politiques et économiques ayant suivi, les exploits du "Pharaon" représentent une opportunité en or.
Le fait qu'"un sportif de ce niveau perce le mur médiatique et devienne un visage mondial rejaillit forcément (...) sur son pays d'origine", dit à l'AFP Pascal Boniface, directeur de l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), auteur d'ouvrages sur la géopolitique du sport.
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Originaire d'un village modeste du delta du Nil (nord), Mohamed Salah a franchi un incontestable palier en terme de notoriété depuis son arrivée l'été dernier en Angleterre, en provenance de l'AS Rome, après une transaction de 42 millions d'euros, plus huit millions de bonus éventuels.
Et les récompenses commencent à s'empiler, au point de faire du joueur de 25 ans une alternative crédible aux deux méga stars Cristiano Ronaldo et Lionel Messi pour le prochain Ballon d'or.
Le 22 avril, Salah a été désigné meilleur joueur de la saison en Premier League. En janvier, il avait reçu le prix de meilleur joueur africain.
Au-delà de ses performances en club, et après avoir grandement contribué à la première qualification de l'Egypte en coupe du monde depuis 28 ans, son nom pourrait de nouveau faire se lever les foules lors du Mondial-2018 en Russie, qui débute le 14 juin.
Pascal Boniface reste toutefois sceptique sur la portée des tentatives de récupération politique à l'international, "trop visibles" et comparées "aux anciens moyens de la propagande".
En revanche, la réussite du prodige égyptien peut avoir un effet important sur "l'estime de soi nationale", poursuit-il.
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Dans l'Egypte de 2018, difficile de rivaliser avec le président Sissi en termes d'image. Pourtant, sur les écrans de télévision, en Une de la presse, sur les vitrines des commerces ou sur d'immenses panneaux publicitaires, le visage de Mohamed Salah est omniprésent.
Seul, aux côtés de ses coéquipiers égyptiens ou de ceux de Liverpool, il fait la promotion d'une marque de soda ou d'une banque locale.
Pour le gouvernement, il soutient publiquement une campagne du Conseil national pour les femmes et s'affiche dans un clip du ministère de la Solidarité sociale contre le fléau de la drogue chez les jeunes.
Selon ce ministère, la campagne "Tu es plus fort que la drogue", diffusée en boucle à la télévision, a permis d'augmenter le nombre d'appels vers le service d'assistance.