Alors que la FIFA a accordé l'exclusivité des droits de retransmission des matchs du Mondial 2018 à la chaîne qatarie BeIN Sports, les autorités égyptiennes entendent forcer la main à l'instance supérieure du football mondial. En effet, l'Egyptian Competition Authority (ECA), le gendarme de la concurrence, affirme avoir reçu une plainte accusant la FIFA de n'avoir pas fait jouer la concurrence face à BeIN sur le territoire égyptien.
Car, faut-il le rappeler, la FIFA a procédé à un découpage du marché, non pas par pays, mais par région, classant l'Egypte au sein du Moyen-Orient. Par conséquent, seules les chaînes de dimension régionale peuvent prétendre souscrire. Les diffuseurs nationaux sont exclus de facto. C'est sans doute ce que dénonce la télévision nationale égyptienne, car cela contrevient aux règles égyptiennes de libre concurrence.
Ainsi, dans un communiqué diffusé dimanche soir, l'Egyptian Competition Authority, affirme que la FIFA a privé la concurrence de beIN de présenter de meilleures offres aux téléspectateurs égyptiens». Et d'ajouter que les nombreux courriers adressés à la FIFA sont restés sans suite. Ainsi, l'ECA a-t-elle sommé la FIFA de trouver une solution avec la télévision égyptienne, notamment en lui accordant des droits de diffusion portant sur 22 matchs, moyennant une contrepartie financière dont le montant qui n'a pas été révélé.
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Une telle décision pourrait faire jurisprudence, puisque partout sur le continent les chaînes locales sont obligées de racheter les droits de retransmission des grandes compétitions sportives auprès d'un primo-acquéreur, souvent étranger. On se rappelle, lors de la Coupe d'Afrique des nations 2017, les chaînes de télévision marocaines ont failli être privées des droits de retransmission. Finalement, c'est grâce à une négociation diplomatique entre le Maroc et le Qatar qu'elles ont pu diffuser les matchs.
Néanmoins, au Maroc aussi, il existe la loi 1999/06 sur la liberté des prix et la concurrence qui interdit les pratiques anticoncurrentielles. Elle pourrait être invoquée par les chaînes locales pour défendre leurs droits à diffuser les compétitions sportives internationales.
Le problème, c'est que là où les chaînes locales ne comptent que sur la publicité, BeIN a un modèle économique différent qui s'appuie aussi bien sur un abonnement des téléspectateurs que sur celui des droits de publicités des firmes multinationales. En Egypte par exemple, il faut non seulement débourser l'équivalent de 78 euros pour acheter le décodeur, mais aussi prendre un abonnement de 100 euros auprès de BeIN pour pouvoir regarder jouer Mohamed Salah et ses coéquipiers en Russie.