Pour la FIFA, le déclencheur est la mise en place d’un «Groupe de travail ministériel» par le ministère en charge des Sports, pour le suivi de l’application de la sentence du Tribunal arbitral du sport (TAS), dans le différend opposant la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) à la Ligue de football professionnel du Cameroun (LFPC). Un Groupe de travail ministériel qui, selon la FIFA, «remettrait potentiellement en cause la décision de l’AG de la Fecafoot du 25 septembre dernier». Celle-ci, «dans un souci d’apaisement» a, entre autres, accepté de laisser le président de la LFPC, Pierre Semengue, à son poste jusqu’au 31 juin 2021, malgré qu’il ait largement dépassé l’âge requis pour ces fonctions, et que son mandat soit «échu».
En contrepartie, la Fecafoot devait nommer le prochain secrétaire général de la LFPC.
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Mais la désignation de Paul Mebizo’o est rejetée par la LFPC. «Nous souhaitons rappeler à la Fecafoot, la teneur des articles 14 et 19 des statuts de la FIFA, selon lesquels les associations membres de la FIFA sont statutairement tenues de gérer leurs affaires de manière indépendante et sans influence indue de tiers. Tout manquement à ces obligations peut entraîner des sanctions, pouvant aller jusqu’à la suspension pure et simple de l’association membre concernée et ce, même si l’influence d’un tiers n’est pas imputable à l’association membre», indique l’adresse de Veron Mosengo-Omba.
Si la FIFA dit encourager la collaboration étroite entre les gouvernements respectifs et ses associations membres, elle dit devoir aussi veiller à l’autonomie de ces dernières. «Dans le cas où le "Groupe de travail ministériel" n’apporterait pas seulement un soutien à la Fecafoot mais s’avérerait donner des directives à celle-ci, nous serions contraints de rapporter ces événements aux organes compétents de la FIFA pour prise de décision», ajoute le directeur des associations membres.
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Une menace à peine voilée qui fait peser une épée de Damoclès sur le Cameroun, alors que le pays doit organiser le Championnat d’Afrique des nations (CHAN) 2021 en janvier prochain. Pour rappel, le conflit Fecafoot-LFPC prend en otage le football local, dont la reprise des championnats de Ligue 1 et 2 est toujours bloquée. Ce, après que la décision du TAS ait annulé la suspension de la LFPC opérée par la fédération. «Il s’agit pour le gouvernement d’assurer la préservation de l’harmonie entre des entités œuvrant dans le même secteur et de trouver une solution à l’amiable qui permette à chaque partie de jouer pleinement sa partition dans son domaine de compétence», déclarait le ministre des Sports, Narcisse Mouelle Kombi, lors de l’installation dudit groupe de travail, le 2 octobre dernier.
Une instance à laquelle la Fecafoot a refusé de participer. Le gouvernement, à travers le ministère des Sports, estime être dans son rôle de recadrage et d’apaisement entre les acteurs pour une sortie de crise. Ce, d’autant plus que la Fecafoot participe à l’exécution d’une mission de service public et reçoit à ce titre, délégation du ministère. «Le Groupe de travail qui n'a même pas encore rendu ses conclusions et n’a pris aucun acte manifeste, ne saurait être perçu comme remettant potentiellement en cause les résolutions de l’Ag de la Fecafoot», répond le ministre à la Fecafoot, dans un courrier ce 9 octobre 2020. «La crise actuelle entre la Fecafoot et la Ligue n’est pas le fait de l’ingérence de l’Etat, mais résulte d’une faute de la Fecafoot, dans ses rapports avec la Ligue. Faute qui a été sanctionnée par la sentence du TAS dans laquelle la responsabilité de l’État n’est aucunement engagée», rappelle le ministre.