Vidéo. Enquête sur le "cercueil volant" qui enflamme la toile africaine

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Le 14/05/2017 à 09h58, mis à jour le 14/05/2017 à 10h43

VidéoIl y a cinq jours, un journaliste zambien a posté une vidéo montrant une scène étrange. Celle d'un défunt refusant d'être enterré et qui conduit les villageois vers son présumé tueur. La Toile africaine s'en est emparée. Le360 Afrique a mené une petite enquête qui conduit en Côte d'Ivoire en 2014.

Depuis quelques jours, la Toile africaine s'est emparée d'une information aussi étrange qu'impressionnante. Une vidéo montrant un cercueil porté par des villageois et qui semble refuser le chemin que veulent prendre ses porteurs. Il les dirige avec beaucoup de force vers un domicile devant l'oeil médusé des villageois. La vidéo a été postée par un journaliste zambien Hagra Tembo suivi par 6.200 personnes sur Facebook, ce qui n'est pas un record en soi.

Seulement, après enquête, il se trouve que la vidéo date de 2014 et a été filmée non pas en Afrique australe, mais à 4.000 km plus au nord, en Côte d'Ivoire. Dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, le phénomène des "cercueils volants" est très connu, mais ce cas en particulier avait surpris bien des observateurs. En effet, la présumée meurtrière finira par être tuée par le cercueil qui l'a écrasée sous son poids. 

Pour ce buzz, tout commence le 8 mai vers 20h, quand Hagra Tembo poste la vidéo sur sa page Facebook avec le commentaire suivant: "un cadavre refuse d'être enterré et mène les villageois vers son meurtrier".

Très vite les sites d'information nigérians avides de sensationnel s'en emparent avant que la presse en ligne d'Afrique francophone prenne le relais. Les sites ivoiriens ou sénégalais sont en train de s'en délecter sans pour autant revenir à la vraie source de la vidéo. 

En effet, une petite enquête aurait pu les mener à son origine et surtout à la bonne date. Les faits ne se déroulent ni en Zambie, ni en mai 2017. Ils se sont produits en Côte d'Ivoire en octobre 2014, dans un petit village. Le fait est que histoire s'est terminée par la mort d'une dame qui vivait dans une cabane. A l'époque, un observateur de France24 l'avait raconté de manière détaillée dans une vidéo. 

RD Congo également, les cercueils volants sont très connus. La pratique est appelée "Loondola" et s'applique lors des décès jugés suspects. Un prêtre traditionnel est appelé à officier pour que le cercueil désigne l'auteur du meurtre ou en tout cas, la personne à l'origine de la mort de la personne. Dans cette vidéo filmée dans les rues de Lumumbashi par exemple, on peut apercevoir le cercueil heurtant violemment un mur au point de l'effriter. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 14/05/2017 à 09h58, mis à jour le 14/05/2017 à 10h43