Afrique subsaharienne: la Banque mondiale revoit la croissance à la baisse

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Le 04/10/2018 à 15h53, mis à jour le 04/10/2018 à 15h58

Les économies de l’Afrique subsaharienne devraient enregistrer un taux de croissance moyen de 2,7% en 2018, soit une légère hausse par rapport à 2017 (2,3%), selon le rapport semestriel «Africa’s Pulse» de la Banque Mondiale (BM), qui analyse la conjoncture économique africaine.

«Après avoir marqué le pas en 2015 et 2016, ces économies se trouvent actuellement dans une dynamique de redressement, mais à un rythme plus lent que prévu», souligne le rapport semestriel «Africa’s Pulse» de la Banque Mondiale (BM). 

Ce ralentissement de la reprise en Afrique subsaharienne (0,4% de moins que les prévisions du mois d’avril) par rapport aux prévisions du début de l’année, s’explique par «la modeste performance des trois plus grandes économies de la région. En effet, la baisse de la production pétrolière en Angola et au Nigeria a neutralisé la hausse des prix du pétrole, alors qu’en Afrique du Sud, la faible croissance de la consommation des ménages a été exacerbée par la contraction de l’activité agricole».

Ailleurs, la croissance reste globalement stable. Plusieurs pays d’Afrique Centrale, exportateurs de pétrole, ont bénéficié de la hausse des prix et de l’augmentation de la production pétrolière.

Le document ajoute que «l’activité économique est restée solide dans les pays à forte croissance peu dotés de ressources naturelles, tels que la Côte d’Ivoire, le Kenya et le Rwanda, soutenue par la production agricole et les services, du côté de la production, et par la consommation des ménages et l’investissement public, du côté de la demande».

La dette publique est restée à un niveau élevé et continue à gonfler pour certains pays et «sa viabilité risque d’être compromise par l’affaiblissement des monnaies et la hausse des taux d’intérêt».

Les recettes d’une croissance inclusive

«Pour accélérer et soutenir une dynamique de croissance inclusive, les responsables politiques doivent continuer de donner la priorité aux investissements qui privilégient le capital humain, limitent les risques de mauvaise allocation des ressources de l’Etat et stimulent la productivité. Ils doivent se donner les moyens de gérer les nouveaux risques découlant de la modification de la composition des flux de capitaux et de la dette», explique Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque Mondiale pour l’Afrique.

Ce ralentissement des économies d’Afrique subsaharienne est en partie imputable à une conjoncture internationale moins favorable pour la région. «Les échanges mondiaux et l’activité industrielle s’essoufflent, marqués par la chute des cours des métaux et des produits agricoles en raison des inquiétudes liées aux tarifs douaniers et à une demande plus incertaine. Car même si les prix du pétrole doivent augmenter en 2019, ceux des métaux pourraient rester modérés, du fait de la baisse de la demande, notamment en Chine. Les pressions exercées sur les marchés de capitaux se sont accentuées sur les économies émergentes et les inquiétudes concernant les dettes libellées en dollars se multiplient, avec la hausse de la devise américaine», expliquent les rédacteurs du rapport.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 04/10/2018 à 15h53, mis à jour le 04/10/2018 à 15h58