Une vaste fraude sur le bois de grumes découverte à la société Thanry

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Le 18/05/2016 à 17h29

Le Ministère des Eaux et forêts vient de mettre la main sur l'une des plus importantes fraudes dans l’exploitation forestière jamais réalisées en Côte d’Ivoire. Des milliers de bois de grumes, coupés frauduleusement, ont été découverts dans une des annexes de la société Thanry.

C’est l’une des plus importants cas de fraudes dans l’exploitation forestière que les autorités ivoiriennes viennent de découvrir. C’est lors d’une inspection que l’Unité spéciale d’intervention (USI), une brigade, créée il y a seulement un mois pour lutter contre la fraude et la corruption qui gangrènent le secteur, a mis la main sur des milliers de billes de bois stockés dans une des annexes de la société Thanry, l’une des plus grandes entreprises d’exploitation forestière de la Côte d’Ivoire.En violation de la règlementation en vigueur, aucune inscription permettant d’identifier le périmètre d’exploitation ne figurait en effet sur les billes. Une pratique à laquelle se livre la société, en toute impunité, depuis plusieurs années, selon des témoins et travailleurs de la société qui ont requis l’anonymat, note les services du ministère. Ce qui peut laisser penser que les coupes ont été faites, sans autorisation, dans des réserves forestières interdites d’exploitation, suggère un spécialiste.Le lieutenant Traoré, chef de l’équipe de l’USI qui a découvert la fraude, a indiqué, que les bois n’étaient pas «marqués au fer comportant le numéro du «marteau» de la société sur leur lieu d’exploitation, conformément à l’usage en matière d’exploitation forestière, mais à la peinture». Le marquage se fait, une fois acheminés sur le parc à bois de la société pour tromper la vigilance des services de l’administration forestière de sorte qu’il est difficile de faire la traçabilité du bois coupé, a-t-il expliqué.FermetureL’importance de la saisie a amené le ministre Louis André Dacoury-Tabley à ordonner la mise sous scellé du parc et la fermeture, jusqu’à nouvel ordre, de la société, qui emploie environ un millier de personnes, en attendant que les enquêtes diligentées situent l’ampleur de la fraude et les suites judiciaires à donner.Ces derniers mois, les saisies de bois frauduleux se sont multipliées dans le pays. Ce qui donne une idée de la menace qui pèse sur le couvert forestier ivoirien qui continue de faire l’objet d’exploitation sauvage.Au début des années 1960, le pays disposait de 16 millions d’hectares de forêt, contre à peine 2 millions d’hectares actuellement selon les spécialistes. Et chaque année, l’on estime à un peu plus de 22 milliards FCFA les pertes subies par l’Etat ivoirien en raison de la fraude dans la filière de l’exploitation forestière.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 18/05/2016 à 17h29