Côte d’Ivoire: la finance islamique dévoile ses ambitions pour l’Afrique

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Le 19/10/2016 à 18h20, mis à jour le 19/10/2016 à 18h24

La finance islamique prend ses marques en Afrique. Après les Etats, c’est au tour du secteur privé d’être invité à s’approprier ce mode de financement. Les experts, réunis au 2e Forum africain de la finance islamique, tenu à Abidjan, souhaitent une plus grande vulgarisation de la finance halal.

La finance islamique étend progressivement sa toile sur le continent. Après deux jours de travaux, les experts présents au deuxième forum africain de la finance islamique, tenu ces 17 et 18 octobre à Abidjan, ont fait la recommandation de mettre en œuvre «des diligences en vue de l’émission de Sukuk par les entreprises opérant dans le secteur privé».

Si jusque-là, dans le cas de l’Afrique de l’ouest en particulier, les Sukuk ou obligations islamiques étaient considérées comme du ressort des Etats, l’annonce est inédite et témoigne d’un intérêt grandissant pour la finance Halal. La Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Togo ont réussi à mobiliser avec succès 766 milliards FCFA d’obligations islamiques, soit 1,17 milliards d’euros, ces douze derniers mois. Ce qui est considéré comme un bon début pour inciter le secteur privé dans un environnement où les ressources ne sont pas toujours disponibles et bon marché pour financer les projets d’investissements.

En outre, au nombre de la douzaine de recommandation du forum, il a été préconisé «l’insertion de modules de finance islamique dans les programmes de formation initiale et continue dispensés en Afrique» et «l’examen des modalités d’optimisation de financement islamique pour les Etats africains sous programme avec les institutions internationales de financement conventionnel du développement».

Ainsi, la finance islamique devrait-t-elle donc prendre une place plus importante dans les économies africaines. La formation des élites laissent en effet bien entrevoir une volonté d’ancrer cette perspective et d’en faire une alternative viable pour mobiliser des nouveaux types de financements.

Le Fonds monétaire international (FMI), la Banque Mondiale et d’autres organismes financiers internationaux ont estimé dans une étude que les avoirs des banques islamiques ont été multipliés par neuf à 1800 milliards de dollars entre 2003 et 2013, soit une progression de 16% par an. Ils dépasseraient actuellement les 2000 milliards et pourraient doubler de volume à 4000 milliards de dollars en 2020, selon des experts.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 19/10/2016 à 18h20, mis à jour le 19/10/2016 à 18h24