Côte d'Ivoire: le gouvernement décaisse 100 milliards FCFA pour mettre à flot sa société de raffinage

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Le 20/10/2016 à 07h24, mis à jour le 20/10/2016 à 07h32

L’Etat ivoirien va débloquer une enveloppe de 100 milliards FCFA, soit 152,4 millions d’euros, au profit de la Société ivoirienne de raffinage engluée par un important endettement. Une décision «non reconductible» adoptée dans le cadre la restructuration de la plus importante entreprise du pays.

Le gouvernement ivoirien a annoncé ce mercredi le décaissement d’une enveloppe portant sur «une centaine de milliards de francs CFA» comme «soutien financier dimensionné non reconductible» au profit de la Société ivoirienne de raffinage (SIR).

Jadis fleuron industriel de la Côte d’Ivoire, la SIR a perdu de sa superbe. La plus importante entreprise du pays, qui générait un chiffre d'affaires de 1.608,5 milliards FCFA, soit 2,4 milliards d’euros, en 2012, traverse certes une zone de turbulence à cause d'un contexte de baisse des cours de l’or noir qui a vu fondre ses marges, mais surtout d’une dette abyssale qui plombe ses comptes.

«La SIR a hérité d’une dette du passé contractée et cumulée qui n’a rien avoir avec la gestion d’une raffinerie» avait expliqué Adama Toungara, le ministre ivoirien de l’Energie et du pétrole, en juillet dernier lors du Séminaire national sur l’énergie. L’entreprise publique, qui a malgré tout «un compte d’exploitation positif», avait en effet, selon certaines sources, servie de vache à lait du régime de l’ex-président Laurent Gbagbo.

«Quand vous regardez la carte des raffineries africaines aujourd’hui, depuis le Maroc jusqu’en Côte d’Ivoire, la SIR est la seule raffinerie qui demeure. Toutes les autres raffineries pour une raison ou pour une autre ont disparues» avait encore confié Adama Toungara à «l’Intelligent d’Abidjan», à la faveur d’une interview.

«La SIR, poursuivait-t-il, résiste parce qu’elle est dotée d’une technologie de pointe, à savoir un hydrocraqueur. Nous avons été le premier pays africain, au sud du Sahara, à part l’Afrique du Sud, à avoir un hydrocraqueur».

Les performances techniques de l’entreprise sont effectivement et régulièrement citées en exemple, au point qu'une partie de sa production est exportée en Occident.

Abidjan soutient que ces ressources sont accordées dans le cadre de la restructuration en cours du raffineur, et n’envisage pas pour l’heure une quelconque privatisation.

Outre la Côte d’Ivoire, la SIR sert également à approvisionner en produits pétrolier le Mali, le Burkina Faso et même le Niger.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 20/10/2016 à 07h24, mis à jour le 20/10/2016 à 07h32