Ouattara et Kaboré jouent la carte de l’apaisement

Le président burkinabé Roch Christian Kaboré et le président ivoirien Alassane Ouattara.

Le président burkinabé Roch Christian Kaboré et le président ivoirien Alassane Ouattara.. DR

Le 07/02/2016 à 18h56

La Côte d’Ivoire et le Burkina Faso optent pour règlement «à l’amiable» de l’affaire des «écoutes téléphoniques». Une affaire dans laquelle Guillaume Soro, président du Parlement ivoirien, est soupçonné d’avoir convenu de soutenir le putsch de septembre dernier contre la transition au Burkina Faso.

Le président burkinabè Roch Christian Kaboré a déclaré samedi à la presse vouloir tirer un trait sur «l’affaire des écoutes téléphoniques» qui avait donné lieu à un mandat d’arrêt délivré par la justice militaire burkinabè à l’encontre de Guillaume Soro.«(…) Nous avons le devoir de faire en sorte que cette relation (entre la Côte d’Ivoire et le Burkina, ndlr) soit renforcée, que cet axe soit consolidé et que nous puissions faire en sorte que les évènements qui ont pu se passer çà et là, (que) nous puissions considérer que ce sont des évènements qui doivent relever du passé et que nous (…) puissions rétablir la confiance au sommet et également entre nos peuples», a affirmé samedi devant les médias, le président burkinabè Roch Christian Kaboré, à la sortie d’une audience avec le président ivoirien Alassane Ouattara.Les deux hommes, qui se rencontraient à la faveur du 26ème Sommet de l’Union africaine qui s’est tenu ce week-end à Addis-Abeba, ont manifestement convenu de jouer la carte de l’apaisement, alors que l’on semblait s’acheminer vers un enlisement des relations entre les deux Etats.La Côte d’Ivoire, qui envisageait depuis un «règlement par voie diplomatique», avait vu dû réagir vivement suite à l’émission d’un mandat d’arrêt international contre la seconde personnalité du pays. Abidjan, par le biais d’un communiqué de la présidence de la République diffusé le 18 janvier, s’était «étonné» de recevoir le mandat via Interpol et évoquait un «mépris des règles et des us et coutumes en la matière». Et le Burkina de répondre par un silence total, du moins officiellement.Cette nouvelle donne politique vient prendre le contre-pied de la posture adoptée par la justice militaire burkinabè alors que de nouvelles bandes sonores, publiées ces derniers jours dans les médias, mettaient cette fois en cause le chef d’Etat-major et un officier supérieur de l’armée ivoirienne dans la tentative de putsch raté.Rétropédalage ou realpolitik? En première ligne sur le front de la lutte contre le terrorisme suite à l’attaque du Splendid Hôtel de Ouagadougou, il apparaît, disent certaines sources, bien inapproprié pour le Burkina de se mettre à dos la Côte d’Ivoire dont il dépend en partie sur le plan économique, pour ses échanges extérieurs notamment.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 07/02/2016 à 18h56