Henri Konan Bédié, l’ex-chef d’Etat, président du PDCI et de la conférence des présidents des partis politiques membres du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), la coalition au pouvoir regroupant cinq partis, vient de trancher.Le parti unifié portera bel et bien le nom de RHDP et non celui de PDCI, le «parti créé par Felix Houphouët-Boigny», comme le réclamait à cor et à cris Maurice Kakou Guikahué, secrétaire exécutif du plus vieux parti ivoirien.A l’issue d’une réunion des partis de l’Alliance, Henri Konan Bédié «a révélé qu’en accord avec le président Alassane Ouattara, le parti unifié est dénommé Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Il devra regrouper tous les partis composant le RHDP (…)».Cette annonce vient mettre un terme à des jouxtes verbales entre les représentants des deux principaux partis qui forment la coalition, le PDCI et le RDR.Si des appréhensions existaient bien au sein des partis de l’alliance sur la question (l’idée d’un parti unifié a été émise depuis quelques années), essentiellement au niveau du PDCI et du RDR, les déclarations en début de mois de Kakou Guikahué avaient fini par mettre le feu aux poudres.Querelle autour du nomAu cours d’une conférence de presse le 8 février annonçant la célébration, en avril, du 70ème anniversaire du PDCI, l’ancien parti unique fondé en 1946, ce dernier avait publiquement appelé les partis de la coalition à rejoindre le PDCI dans le cadre du parti unifié.«Houphouët n’a pas créé le RDR. Il n’a pas non plus créé l’UDPCI. Le seul parti qu’il a créé est le PDCI. (…) Si tu aimes Houphouët, viens au PDCI» avait-t-il déclaré. Une invite aux autres partis du groupement, le RDR, l’UDPCI, l’UPCI, le MFA, à rejoindre le PDCI, le parti créé par Félix Houphouët-Boigny, le premier président ivoirien (entre 1960 et 1993), et dont sont issus quasiment tous ces partis.La réplique du RDR ne s’est alors pas fait attendre. Le lendemain 9 février, le parti dont est issu Alassane Ouattara convoquait une réunion de son secrétariat exécutif, au terme de laquelle il avait déclaré dans un communiqué : «Le RDR ne reniera pas (…) son identité et son histoire», avant de dénoncer «un chantage récurrent et honteux».
La question centrale pour nombre d’observateurs est l’alternance à l’échéance présidentielle de 2020. Après «l’appel de Daoukro» par lequel Henri Konan Bédié avait appelé, en septembre 2014, son parti à soutenir la candidature d’Alassane Ouattara à l’élection présidentielle de 2015 dans le cadre du RHDP (et donc à renoncer à présenter un candidat), l’idée d’un deal entre les deux hommes au sujet d’une alternance à l’élection présidentielle de 2020 avec un candidat sortant cette fois des rangs du PDCI au nom de la coalition, Alassane Ouattara épuisant ses deux mandats constitutionnels en 2020, avait prospéré comme contrepartie. Lequel deal avait contenté les cadres de PDCI malgré quelques voix discordantes.Lors de sa conférence du 8 février, Kakou Guikahué avait martelé : «Ne doutez pas un instant que le PDCI revienne au pouvoir à la prochaine élection présidentielle!».Alternance 2020Sauf que cette alternance ne fait pas l’unanimité au niveau des autres partis. L’UDPCI, la troisième force de l’alliance, a déjà fait savoir que son premier responsable, l’actuel ministre des Affaires étrangères, Albert Mabri Toikeusse, sera candidat à la présidentielle de 2020 et réclame le parrainage du RHDP.Au niveau du RDR, la question d’une alternance ne devrait plus se poser puisque l’alliance du RHDP doit se muer en parti politique unifié.Fondé en 2005 dans le contexte de crise militaro-politique, le RHDP avait alors constitué une force d’opposition contre le pouvoir de l’ex-président, Laurent Gbagbo.L’alliance était parvenue à passer une première épreuve en se solidarisant autour d’Alassane Ouattara au second tour de l’élection présidentielle de 2010 contre l’ex-chef d’Etat, ce qui avait été déterminant dans la victoire de celui-ci.Devenue la principale force politique en Côte d’Ivoire (Alassane Ouattara a remporté l’élection présidentielle d’octobre 2015 au premier tour avec plus de 83% des voix), le RHDP est confronté à un autre défi: conserver le pouvoir politique après 2020.