Vidéo. Côte d’Ivoire–Gabon: qui est Mamadi Diané, l’homme derrière le scandale de l'enregistrement?

VidéoHomme d’affaires et milliardaire, proche du parti démocrate d’Hillary Clinton, Mamadi Diané est sous le feu des projecteurs après avoir été convaincu de manœuvrer pour Jean Ping, l’opposant gabonais. Retour sur une réputation controversée du désormais ex-conseiller spécial du président ivoirien.

Le 31/08/2016 à 14h56, mis à jour le 01/09/2016 à 08h41

«Suite aux informations relatives à l’ingérence de monsieur Mamadi Diané dans le processus électoral de la République soeur du Gabon, il est mis fin à ses fonctions de Conseiller spécial à la présidence de la République de Côte d’Ivoire, à compter de ce jour», annonce un communiqué de la présidence ivoirienne.

Cette décision est intervenue après l’annonce par les autorités gabonaises (vidéo à l’appui) d’un enregistrement téléphonique entre Mamadi Diané et Jean Ping lors duquel le conseiller d’Alassane Ouattara donne des conseils au candidat de l’opposition gabonaise, Jean Ping, pour faire démissionner 2 à 3 membres de la CENAP (Commission électorale nationale autonome et paritaire) afin de faire semer le chaos.

L’homme était jusque-là peu connu du commun des Ivoiriens, à l’exception des habitués des arcanes du parti au pouvoir d’Alassane Ouattara. D’origine guinéenne, Mamadi Diané a fait une partie de son enfance en Côte d’Ivoire avant de s’expatrier aux Etats-Unis où la chance lui a souri.

Avec son entreprise d’import-export américaine AMEX International -il exporte notamment du riz vers la Côte d’Ivoire- il fait fortune puis intègre progressivement les milieux d’affaires américains et étend son influence sur le continent. On dit de lui qu’il a eu ses entrées chez Mobutu Sese Seko, l’ex président du Zaïre (actuel RD Congo).

En Côte d’Ivoire, il fait la connaissance d’un certain Alassane Ouattara – bien avant que ce dernier ne devienne Premier ministre – notamment via son directeur de cabinet, l’ex chef du gouvernement guinéen Sydia Touré. Il va ensuite lui apporter son soutien lorsque Alassane Ouattara se lance en politique. Outre la politique, il s’illustre dans les affaires au début des années 2000 avec CORA de Comstar, une société de téléphonie mobile qui finit par fermer en raison de différends juridiques avec ses partenaires.

Son nom apparaît également au Sénégal en 2012, dans les procédures judiciaires lancées par le président Macky Sall contre le régime de son prédécesseur. Selon le site Seneweb, il a réalisé des opérations financières douteuses portant sur plusieurs millions de dollars avec Thierno Ousmane Sy, ex conseiller d’Abdoulaye Wade, l’ex président sénégalais, sous le coup d’une procédure judiciaire à l’époque.

En outre, durant la crise post-électorale de 2010 en Côte d’Ivoire, ce proche du parti démocrate américain aurait usé de ses relations au Congrès et au Sénat américains pour faire pencher la position des Etats-Unis en faveur d’Alassane Ouattara, indiquent des sources à Abidjan.

Devoir de reconnaissance?

Certains partisans de l’opposition font déjà un rapprochement entre cette période et l’«affaire Jean Ping» qui a valu à Mamadi Diané d’être démis de ses fonctions de conseiller spécial du président ivoirien. En effet, Jean Ping, alors président de la commission de l’Union africaine, avait clairement apporté son soutien au président Ouattara. Ce serait un juste retour pour celui qui revendique la victoire à la présidentielle gabonaise, selon ces derniers qui y voient la main du chef de l’Etat ivoirien.

Faux, rétorquent des proches du pouvoir. Le chef de l’Etat ivoirien a des relations fraternelles aussi bien avec les Bongo et qu’avec Jean Ping. Officiellement, le pouvoir ivoirien se tient à équidistance des deux hommes politiques et assure de son «strict respect de la souveraineté de la République gabonaise».

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 31/08/2016 à 14h56, mis à jour le 01/09/2016 à 08h41