Côte d'Ivoire: et si les mutins ne voulaient que leur part du gâteau politique

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Le 08/01/2017 à 09h10, mis à jour le 08/01/2017 à 09h59

A Bouaké, deuxième ville de Côte d'Ivoire, la situation était revenue au calme, après l'annonce hier soir, samedi 7 janvier, d'un accord entre les soldats mutins et le gouvernement pour la hausse des salaires. Beaucoup se demandent si ces mutins ne voulaient pas juste leur part du gâteau politique.

Finalement tout est bien qui fini bien. Dans les principales villes du centre du pays, les barrages qui ont été érigés par les soldats mutins ont été levés, présageant un retour définitif au calme et à la sérénité. A Bouaké notamment, deuxième centre urbain du pays, d'où était partie cette vague de contestation, la deuxième en deux ans, il n'y a plus de présence de militaires dans les rues. 

Alassane Ouattara a pris les devants pour éviter que ne s'envenime la situation et en accédant aux exigences des hommes en armes, non sans leur rappeler qu'eu égard à l'image du pays, ce n'est pas la meilleure manière de protester. La situation était effectivement sur le point de dégénérer, puisque le ministre chargé de la Défense qui était venu à Bouaké négocier a été retenu en otage pendant deux heures par les soldats mutins.

Cependant, au-delà des exigences salariales, ces rebelles semblent rappeler à une bonne partie de la classe dirigeante, y compris le président Ouattara, l'actuel président du Parlement, Guillaume Soro et aux nombreux ministres que c'est grâce à la lutte menée par les ex-rebelles qu'ils sont au pouvoir. 

Au-delà de l'image du pays, il se pose une vraie question sur la promptitude des militaires à prendre les armes et à rompre avec leur hiérarchie pour porter sur la place publique des revendications, ériger des barrages et prendre en otage des villes entières. Cela veut dire que les troupes de l'armée ivoirienne ne sont toujours pas aux ordres de l'Exécutif et qu'elles peuvent à tout moment engager un bras de fer avec le gouvernement. Ces mêmes troupes sont en rupture avec leurs officiers supérieurs, ce qui est extrêmement inquiétant. Ces troupes savent qu'elles sont toujours sûres de gagner ledit bras de fer, sachant qu'aucun dirigeant civil ne voudra prendre le risque de faire durer une situation semblable.

L'autre question qui se pose est de savoir si ces manifestations du vendredi et samedi ne sont pas liées au calendrier politique. Car, dans cette armée se trouvent des ex-rebelles qui reprochent notamment à leurs ex-camarades, passés dans le monde politique, de s'être enrichis à leurs dépens. Ces augmentations de salaire sont une manière de réclamer leur part du gâteau après le renversement du régime de Laurent Gbagbo.

Or, c'est justement dans les jours à venir que sera désigné le nouveau président de l'Assemblée nationale devant remplacer Guillaume Soro, l'ex-chef rebelle. De même, le tout premier vice-président de Côte d'Ivoire doit également être nommé par Alassane Ouattara. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 08/01/2017 à 09h10, mis à jour le 08/01/2017 à 09h59