Côte d’Ivoire: la coalition au pouvoir règle ses comptes au parlement

DR

Le 08/04/2017 à 16h16, mis à jour le 08/04/2017 à 16h18

Alors que la coalition du RHDP peine à construire son unité, cela ne l’empêche pas régler ses comptes à l’encontre de ses dissidents. Et le parlement est la scène choisie pour cette vendetta politique à l’ivoirienne, avec comme cible Yasmina Ouegnin.

Yasmina Ouegnin et Gnamien Konan l’ont appris à leur dépend. Le Rassemblement des houphouêtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) sait s’unir quand il s’agit de régler les comptes envers les militants en dissidence. Ceux qui a volé la vedette au groupement politique lors des dernières législatives à Cocody et l’ex ministre Gnamien Konan, viré du gouvernement pour avoir refusé d'aligner les choix des candidats de son parti sur ceux du RHDP à ces élections, se sont vu refusés leur entrée au nouveau bureau du Parlement ivoirien. Une opposition orchestrée par le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) et le Rassemblement des républicains (RDR), les deux piliers du RHDP qui dominent ensemble quasiment 80% de l’instance législative.

Portés par deux petits groupes parlementaires, cette entrée leur aurait conféré le statut de vice-président de l’Assemblée nationale, leur donnant ainsi le pouvoir de participer aux orientations de la vie du parlement.

Pour Yasmina (ou désormais «YAS» pour ses soutiens), cette «obstruction» est dans la logique adoptée par son parti, le PDCI, qui l’avait exclue de ses rangs avant de refuser dernièrement sa reintégration. «C’est un épiphénomène et cela ne nous empêchera pas de travailler et d’être la voix du peuple», a réagi, face à la presse, l’«indisciplinée» qui jouit d’une bonne cote de popularité.

Dans la sphère politique ivoirienne, des esprits plutôt «libres» n’ont pas tardé à réagir. Alain Lobognon, député du RDR, le parti au pouvoir, et proche de Guillaume Soro, a fustigé l’action de son parti et celui du PDCI, en contradiction avec l’appel du président du Parlement au pardon et à la réconciliation lundi, lors de l’ouverture de la nouvelle législature.

Pour autant, la cohésion au sein du RHDP n’en sera pas plus renforcée. Au RDR comme au PDCI l’on prépare des congrès avec pour objectif la présidentielle de 2020, une candidature unique du groupement politique faisant de moins en moins recette au niveau des militants. Cela, même si au sommet, l’on joue la carte de l’apaisement, assurant que le couple Ouattara – Bédié trouvera une solution à l’alternance réclamée par les uns et dénoncée par les autres.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 08/04/2017 à 16h16, mis à jour le 08/04/2017 à 16h18