Alassane Ouattara a du souci à se faire. Alors que le président ivoirien a passé son premier mandat, puis une partie du second en roue libre, sans grandes vagues, avec une opposition terne et en lambeaux, les évènements de ces derniers jours annoncent un changement de cap dans le paysage politique.
«Rien en nous n’a été brisé. Le FPI restera debout et continuera sa marche jusqu’au palais», a indiqué Lida Kouassi, l’ex-ministre de la Défense de Gbagbo à sa sortie de prison ce 8 août. «Militantes et militants, levez-vous pour la nouvelle page; ce sera sans arrêt… » , a renchéri une Simone Gbagbo combattive pour galvaniser ses troupes. Le ton est ainsi donné au niveau FPI, l’ex-parti au pouvoir désormais plus que jamais revigoré par la sortie de prison de ses cadres et non des moindres, ainsi que du probable retour d’autres en exil, et surtout pas la perspective d’une libération de son leader Laurent Gbagbo.
Lire aussi : Cote d'Ivoire: la coalition au pouvoir vole finalement en éclats
De même, le président Ouattara n’est pas parvenu à trouver un terrain d’entente avec le PDCI, avec qui il était en froid, et qui a claqué la porte du RHDP en annonçant ce 9 août son retrait de ce groupement politique. Une séparation d’avec son grand allié devenu un rival qui convoite au moins autant le palais présidentiel et qui n’a pas été loin de traiter le pouvoir d’Abidjan de dictature.
Le RDR d’Alassane Ouattara, qui va bientôt se muer en RHDP, ne sera pour ainsi dire quasiment plus le seul acteur de la scène politique, mais devra désormais la partager avec les deux autres poids lourds de la politique ivoirienne.
Lire aussi : Côte d'Ivoire: Simone Gbagbo est libre
Manque de pot, la gestion d’Alassane Ouattara, plébiscité jusque-là par la communauté internationale pour ses performances économiques, a été passée à la loupe par l’Union européenne dans un rapport jugé accablant par les observateurs. Le rapport dénonce en effet les déviances d’une gouvernance et d’une croissance qui suscitent plutôt la grogne sociale, faute d’être suffisamment inclusive, et une volonté de verrouiller le jeu politique du fait d’un refus de réviser la composition de la CEI, la commission électorale indépendante. Des failles qui ne feront qu’alimenter les meetings politiques qui devraient se multiplier.
La Côte d’Ivoire se prépare donc à vivre une grande période d’animation politique. Le PDCI va présenter ses propres candidats lors des prochaines élections locales, le 13 octobre prochain, tout comme le FPI (qui sera dirigée par Simone Gbagbo) qui devrait prendre part pour la première fois à ce scrutin depuis sa chute du pouvoir en 2011. Un premier test qui constituera le dernier grand virage avec la présidentielle de 2020.