Côte d’Ivoire: le processus de réforme de la Commission électorale enclenché

Victoire Halley, porte-parole de la Commission électorale indépendante.

Victoire Halley, porte-parole de la Commission électorale indépendante. . DR

Le 21/01/2019 à 17h37

Après plusieurs années d’atermoiements, la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI) est enfin sur les rails. Ce 21 janvier, une première rencontre entre le gouvernement et l’opposition s’est tenue en présence du Premier ministre.

Le président ivoirien Alassane Ouattara l’avait solennellement annoncé lors de son discours de fin d’année. Le dialogue politique en vue de la réforme de la CEI a démarré ce lundi 21 janvier par une première rencontre entre des représentants du gouvernement et sa majorité, conduits par le Premier ministre, Gon Coulibaly, et des membres de l’opposition.

Au niveau de l’opposition, l’on notait, outre le PDCI représenté par son secrétaire général, Maurice Kakou Guikahué, la plateforme de l’opposition EDS, avec son président Georges Ouegnin, proche de l’ex-président Laurent Gbagbo, ou encore l'aile officielle du FPI, avec son président Affi N’Guessan.

La réforme de la CEI est, depuis quelques années, la principale revendication de l’opposition ivoirienne qui dénonçait la prédominance de la majorité au pouvoir au sein de ses instances. D'ailleurs, il s’agit là d’une des raisons qui ont poussé le FPI (l’aile proche de Laurent Gbagbo) à s’abstenir à prendre part aux échéances électorales depuis la fin de la crise postélectorale de 2011.

Mise en place dans sa forme actuelle à la veille de la présidentielle fratricide de 2010, la CEI avait alors été au cœur de la controverse, après avoir été accusée par le camp Gbagbo d’avoir favorisé le camp d'Alassane Ouattara. Reformée après la crise, elle a été de nouveau décriée car perçue comme favorable au pouvoir en place.

Certes, le gouvernement et l’opposition y sont représentés à parts égales. Mais la CEI comprend également des représentants des institutions de la république et des ministères (présidence, parlement, ministère de l’Intérieur, etc.) lesquels, pour l’opposition, sont sous le contrôle de l’exécutif, créant de facto un déséquilibre.

En prenant la décision de la réforme de la CEI, le président ivoirien se plie enfin à une recommandation de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, une institution de l’Union africaine qui avait exigé, dans une décision rendue en novembre 2016, de reformer la CEI, jugée «non conforme au droit international» et aux engagements internationaux de la Côte d’Ivoire en matière de démocratie.

Le dialogue politique qui commence donnera certainement lieu à de chaudes empoignades. L’enjeu étant la présidentielle de 2020 qui focalise déjà toutes les attentions.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 21/01/2019 à 17h37