"Une horde de jeunes surexcités du parti au pouvoir ont attaqué à l'aide de gourdins et jeté des pierres à un groupe d'opposants qui manifestaient contre la candidature à un troisième mandat du président Alassane Ouattara", a expliqué Adama Kolia Traoré, président du conseil régional du Iffou, administrant la ville de Daoukro.
"Les affrontements, qui ont paralysé la ville, ont fait plusieurs blessés graves dans les deux camps", a souligné Traoré, précisant que "la police a été vite débordée".
"La manifestation de colère a viré à un affrontement ethnique, entre les autochtones baoulé et les allogènes dioula" a affirmé de son côté un habitant contacté sur place.
"La tension est toujours vive en fin de journée, des barricades d'autodéfense étaient érigées dans les différents quartiers", selon une source sécuritaire ayant requis l'anonymat.
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Ces incidents interviennent à la veille des manifestions prévues par des jeunes opposants de Côte d'Ivoire contre la candidature à un troisième mandat du président Alassane Ouattara, dénonçant une "forfaiture de trop".
Les autorités ont annoncé l'interdiction de ces manifestations, dans un communiqué du ministre ivoirien de l'Administration du territoire, Sidiki Diakité, lu à la télévision publique.
"A ce jour, les services administratifs compétents n’ont fait l’objet d’aucune saisine de la part de formations politiques ou d’organisations de la société civile. Par conséquent, les manifestations projetées (...) n’ayant pas respecté les procédures appropriées, ne sont pas autorisées" souligne le texte.
Enfin, le ministère de l’Administration du Territoire "invite au strict respect de cette décision et indique que toutes les mesures seront prises pour garantir la sécurité et la libre circulation des personnes et des bien sur l’ensemble du territoire national."
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Mardi à Ferkéssédougou (nord), fief de l'ancien président de l'Assemblée nationale Guillaume Soro, en exil en France, la police a dispersé une manifestation de jeunes contre un troisième mandat du président ivoirien.
Toutefois, les femmes du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, au pouvoir) ont demandé mercredi au gouvernement "d'interdire toutes les manifestations de rue afin d'éviter la violence et le désordre".
Le président Alassane Ouattara, 78 ans, élu en 2010 puis réélu en 2015, a annoncé qu'il allait se présenter à la présidentielle du 31 octobre pour un troisième mandat, ce dont l'opposition lui conteste le droit.
L'ex-président Henri Konan Bédié a déclaré récemment qu'une candidature de Ouattara "serait illégale". Agé de 86 ans, il est lui-même le candidat désigné du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, principale formation d'opposition).
La situation politique est tendue en Côte d'Ivoire à trois mois de la présidentielle, dix ans après une crise post-électorale qui avait fait 3.000 morts.