"Nous sommes des millions et des millions. Nous avons tendu l'oreille. Nous n'avons entendu que le silence de la France, chère patrie des droits de l'Homme. Un silence assourdissant", écrit Soro dans sa missive publiée par l'hebdomadaire Le Journal du Dimanche sur son site internet mercredi.
"Le pays est pris dans un tourbillon qui fait valser les libertés fondamentales (...) Aucun démocrate au monde ne saurait se résigner face à ce crime commis sous nos yeux", écrit-il, évoquant des "milices du pouvoir qui attaquent désormais les manifestants pacifiques à coups de gourdins et de machettes sous les yeux complices de la police".
L'annonce de la candidature du président Alassane Ouattara le 6 août à un troisième mandat controversé a été suivi de violences ethniques qui ont fait au moins 8 morts, sans qu'il ne soit possible d'établir clairement les responsabilités.
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Élu une première fois en 2010 puis réélu en 2015, le chef de l'État, 78 ans, avait annoncé en mars son intention de ne pas se représenter à la présidentielle du 31 octobre et de passer le relais à son Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Mais celui-ci est décédé brutalement le 8 juillet d'un infarctus.
La Constitution limite à deux les mandats présidentiels. Mais, les partisans de Ouattara affirment que le changement de Constitution en 2016 a remis le compteur des mandats à zéro, tandis que ses adversaires jugent anticonstitutionnelle une troisième candidature.
"Quand Ouattara, sous pression, fit une annonce tonitruante indiquant qu'il ne briguerait pas un troisième mandat, (...) vous avez cru devoir le féliciter en saluant +sa décision historique+", écrit Soro.
"J'imagine que vous êtes informé du revirement de Ouattara (...) En vous exprimant une première fois, vous êtes désormais partie-prenante dans le débat politique ivoirien, votre silence face à la forfaiture qui se dessine serait incompréhensible et totalement incompris. Pire, aux yeux de beaucoup, il vaudrait complicité", poursuit-il.
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Soro, qui a été condamné à 20 ans de prison pour recel de détournement de deniers publics, vit en exil en France d'où il a annoncé sa candidature.
Il a été radié la semaine dernière des listes électorales en raison de cette condamnation.
Longtemps allié du président Alassane Ouattara, qu'il a aidé militairement à accéder au pouvoir pendant la crise post-électorale de 2010-11, il était devenu Premier ministre, puis président de l'Assemblée nationale, avant de rompre avec le chef de l'État début 2019.
La situation se tend en Côte d'Ivoire à l'approche de la présidentielle, 10 ans après la crise post-électorale qui avait fait 3.000 morts après le refus du président Laurent Gbagbo de reconnaitre la victoire d'Alassane Ouattara.