"Soro, comme Gbagbo, a été écarté car son casier judiciaire n’est pas vierge. Tous deux le savaient parfaitement: leurs candidatures relèvent de la provocation (...) La place de Guillaume Soro n’est pas dans la campagne électorale, mais en prison", a affirmé le président Ouattara dans entretien publié jeudi par l'hebdomadaire français Paris Match.
"Ce jeune homme (Soro, 47 ans), enivré par l’argent et le pouvoir, a simplement perdu la tête", a-t-il même lancé.
Le Conseil constitutionnel a rejeté le 14 septembre les candidatures de Soro et Gbagbo à la présidentielle (ainsi que 38 autres des 44 candidatures) parce que les deux hommes avaient été condamnés à des peines de prison par la justice ivoirienne.
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Soro, qui est en France, a été condamné à 20 ans de prison pour recel de détournement de deniers publics et fait l'objet d'une procédure pour tentative d'insurrection.
L'ancien président Gbagbo, acquitté en première instance par la Cour pénale internationale (CPI) et dans l'attente d'un éventuel procès en appel, a lui été condamné à 20 ans de prison dans l'affaire dite du "braquage de la BCEAO", la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest, lors de la crise de 2010-2011.
Au grand dam des opposants qui estiment que sa candidature est une "forfaiture", le Conseil constitutionnel a validé celle de M. Ouattara. La Constitution limite à deux le nombre de mandats présidentiels, mais le Conseil constitutionnel a estimé que l'entrée en vigueur d'une nouvelle Constitution en 2016 a remis le compteur à zéro pour le chef de l'Etat.
"C’est un sacrifice. Et ce dernier mandat –si, comme je l’espère, je suis réélu– sera un sacerdoce", assure-t-il.
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Le président a balayé toute idée de reporter le scrutin malgré les menaces de boycott de l’opposition, qui a appelé à la "désobéissance civile": "Il n’en est pas question (...) Le scrutin présidentiel doit se tenir le dernier samedi du mois d’octobre de la cinquième année du président en exercice. La date du 31 octobre est donc inscrite dans le marbre (...) Seuls des candidats qui savent qu’ils seront battus peuvent avoir envie de se retirer".
La crainte de violences meurtrières est forte dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, dix ans après la crise post-électorale née de la présidentielle de 2010 qui avait fait 3.000 morts, après le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite électorale face à Alassane Ouattara.
Des violences, dans le sillage de l'annonce de la candidature du président Ouattara, ont fait une quinzaine de morts en août dans le pays.