Une centaine d'hommes des forces de l'ordre, sans pénétrer dans la résidence de l'ancien chef de l'Etat, ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser les journalistes et les militants et empêcher la tenue d'une conférence de presse que devait donner l'opposition, qui entend former "un gouvernement de transition".
A l'intérieur de la résidence, les hommes chargés de la sécurité de M. Bédié ont sorti des Kalachnikov pour se préparer à le défendre, a vu un journaliste de l'AFP.
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Une heure plus tôt, le gouvernement a accusé l'opposition de "complot contre l'autorité de l'Etat" et indiqué avoir saisi la justice, "afin que soient traduits devant les tribunaux les auteurs et les complices de ces infractions".
"Cette déclaration (de l'opposition sur la "transition") ainsi que les violences perpétrées suite au boycott actif, constituent des actes d'attentat et de complot contre l'autorité de l'Etat et l'intégrité du territoire national", a déclaré le ministre de la justice Sansan Kambile lors d'une conférence de presse.
Interrogé sur une possible arrestation des leaders de l'opposition, M. Kanbile a répondu: "Toutes les options sont sur la table. Il (le procureur) pourra envisager sereinement toutes les options à sa disposition".
Alassane Ouattara, 78 ans, a été proclamé mardi à l'aube réélu par la Commission électorale indépendante pour un troisième mandat controversé, sur le score fleuve de 94,27% des voix au premier tour, l'opposition ayant boycotté le scrutin qui s'est tenu samedi.
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Le processus électoral a donné lieu à des violences meurtrières. Une quarantaine de personnes ont été tuées depuis le mois d'août, dont au moins neuf depuis le vote samedi.
Lundi soir, des détonations provoquées par des individus non identifiés, qui n'ont fait aucun blessé, avaient résonné devant les domiciles à Abidjan de quatre leaders de l'opposition, dont celui d'Henri Konan Bédié.
Elu en 2010, réélu en 2015, Alassane Ouattara avait annoncé en mars qu'il renonçait à une nouvelle candidature, avant de changer d'avis en août, à la suite du décès de son dauphin désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
La loi fondamentale ivoirienne prévoit un maximum de deux mandats, mais le Conseil constitutionnel a estimé qu'avec la nouvelle Constitution adoptée en 2016, le compteur des mandats présidentiels a été remis à zéro. Ce que l'opposition conteste.
La présidentielle s'est déroulée dans un climat de tension, et la crainte d'une escalade de violence est toujours présente, dix ans après la crise qui avait suivi la présidentielle de 2010, faisant 3.000 morts, à la suite du refus du président Laurent Gbagbo qui était au pouvoir depuis 2000, de reconnaître sa défaite face à M. Ouattara.