Côte d’Ivoire: les partis de Bédié et Gbagbo crient à la menace sur la bonne tenue du dialogue politique

Le360/ Olive Adjakotan.

Le 06/01/2022 à 11h44

Le dialogue politique démarré en décembre 2021 est-il déjà dans l’impasse en Côte d’Ivoire? Oui, selon l’opposition; faux, répond le pouvoir. La première accuse le gouvernement d'instrumentaliser la justice pour saper le dialogue politique, mais le second rassure.

Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) d’Henri Konan Bédié et le Parti des peuples africains (PPA-CI) de Laurent Gbagbo s'interrogent sur l'avenir du dialogue politique opposition-pouvoir qui a débuté le 16 décembre 2021.

Les deux formations ont dénoncé, au cours d'une rencontre, ce mercredi 5 janvier 2022 à Abidjan, une démarche hésitante et contradictoire du gouvernement. Selon elles, le mutisme du pouvoir suite à la sortie du 27 décembre 2021 du procureur de la République, Richard Adou, portant de graves accusations contre des ténors de l’opposition et assorties de menaces de poursuites judiciaires, démontrent la volonté des autorités de reléguer au second plan la réconciliation nationale.

Le parquet a évoqué leur présumée implication dans les violences électorales de 2020 ayant fait 85 morts.

«Pour le PDCI-RDA et le PPA-CI, il ne saurait avoir de priorité plus élevée que la recherche de la réconciliation nationale et la paix, but ultime attendu du dialogue politique. Ils appellent nos compatriotes à l'unisson tout en réaffirmant leur engagement à participer au dialogue politique qu'ils souhaitent sincère et interpellent le gouvernement sur sa responsabilité première de garantir le succès de cette phase du dialogue», déclare Justin Koné Katinan, porte-parole du PPA-CI.

Pour une autre frange de l'opposition, le doute plane sur l'avenir du dialogue politique car le chef de l’Etat a accordé peu d'intérêt à ce sujet lors de son discours de fin d'année. Selon elle, le président Ouattara en a fait une simple déclaration de principe et l’a expressément exclu de ses priorités pour l'année 2022. Une attitude moins rassurante pour la recherche de la paix.

«Voici un message du chef de l’Etat qu’on veut que ça soit un anti message du procureur. Le procureur a parlé et nous voulons un autre son totalement différent car à quoi bon aller dialoguer si en même temps que vous allez dialoguer, la plupart de ceux qui viennent à la table du dialogue ne savent même pas s’ils vont pouvoir rentrer chez eux à la maison après le dialogue», martèle Innocent Anaky Kobéna, membre de l’opposition ivoirienne.

Au niveau de la majorité présidentielle, on se félicite que l'année 2021 ait été marquée par une décrispation politique palpable en Côte d’Ivoire. Les législatives de mars 2021 ont même vu la participation de toutes les grandes forces politiques du pays et dans un climat apaisé. Une première depuis 20 ans. Et cela est à mettre surtout à l'actif des efforts de paix du président Ouattara. Une accalmie de la vie politique qui doit se poursuivre en 2022, selon le pouvoir.

«Le bras tendu du président de la République, le dialogue politique qui est entamé est une bonne chose et les uns et les autres doivent saisir la perche parce que toute la Côte d’Ivoire regarde la classe politique. On a besoin de paix, de cohésion pour que véritablement cette Côte d’Ivoire là aille de l'avant», souhaite Alexis Gouanou, membre de la majorité présidentielle.

Lancé le 16 décembre 2021, le dialogue politique ivoirien entre le gouvernement et l’opposition est le 3e du genre en 3 ans dans le pays. 21 partis politiques et 26 organisations de la société civile étaient présents à l'ouverture dudit dialogue.

Par Olive Adjakotan (Abidjan, correspondance)
Le 06/01/2022 à 11h44